L’agression sauvage de deux fonctionnaires de police dans la nuit de jeudi à vendredi à Nice suscite une vive émotion. Mais c’est surtout la remise en liberté, sous contrôle judiciaire, des cinq suspects interpellés juste après les faits qui déclenche l’ire des forces de l’ordre.
Une violente agression en plein cœur de Nice
Les faits se sont déroulés vers 2h du matin, rue de la Préfecture, à proximité d’un bar où les deux policiers hors service passaient la soirée avec des collègues. Selon les premiers éléments, une altercation aurait éclaté pour un motif encore flou, les suspects ayant fait des remarques déplacées ou proposé de la drogue au groupe de policiers.
S’en est suivie une bagarre d’une rare violence, en partie filmée par un riverain. Sur les images choc diffusées sur les réseaux sociaux, on voit l’un des fonctionnaires inerte au sol tandis que l’autre est roué de coups par les assaillants encagoulés. Certains leur portent des coups de pied au visage. Les deux victimes se sont vues prescrire 4 jours d’ITT.
Des suspects rapidement interpellés mais déjà libres
Les 5 agresseurs présumés, âgés de 27 à 34 ans, ont été arrêtés dans la foulée par la BAC à proximité des lieux. Placés en garde à vue, ils ont ensuite été déférés samedi après-midi, le parquet ayant requis leur placement en détention provisoire dans l’attente de leur procès fixé à mardi.
Mais le juge des libertés en a décidé autrement, en les plaçant sous contrôle judiciaire. Une décision qui passe très mal auprès des fonctionnaires de police. Les syndicats dénoncent un « deux poids deux mesures » et s’interrogent : la justice aurait-elle été aussi clémente s’il s’était agi de magistrats agressés ?
Si les juges avaient été à la place des policiers, les agresseurs auraient terminé en prison assurément. Cette impunité est dangereuse.
Une « France Orange Mécanique » dénoncée
Pour les organisations syndicales, cette affaire est symptomatique d’une « haine anti-flics » grandissante et d’une justice jugée trop laxiste. Rudy Manna, d’Alliance Police, évoque une « France Orange mécanique » en référence au film ultra-violent de Stanley Kubrick.
Son collègue Laurent Alcaraz, secrétaire départemental du syndicat dans les Alpes-Maritimes, s’alarme : « C’est plus une rixe là, on essaye carrément de tuer à coups de pied un homme sur le trottoir ». Des policiers qui paient un lourd tribut ces derniers temps, avec la mort début avril de trois fonctionnaires en service lors d’un accident de la route causé par un conducteur fortement alcoolisé.
Des mesures suffisantes pour assurer la sécurité des policiers ?
Face à la multiplication des agressions visant les forces de l’ordre, le gouvernement a récemment durci les peines encourues. Mais beaucoup jugent ces dispositions largement insuffisantes si elles ne s’accompagnent pas d’une réponse pénale ferme et systématique.
Pour les policiers agressés à Nice et leurs collègues, le compte n’y est clairement pas. Ils attendent désormais du tribunal correctionnel, qui jugera mardi les 5 mis en cause, un message de fermeté. Et espèrent que leur calvaire permettra une prise de conscience des violences qu’ils affrontent au quotidien dans certains quartiers.
Quelle honte cette justice… Si ça avait été des magistrats, même laxisme ?
Un internaute réagissant à la mise en liberté des suspects
Une affaire qui risque en tout cas de jeter de l’huile sur le feu des relations déjà tendues entre police et justice. Et de relancer le débat sur les moyens de protéger ceux qui nous protègent, dans une société de plus en plus violente.