En cette fin d’année 2024, le gouvernement français a donné le coup d’envoi à deux projets majeurs d’énergie renouvelable en mer Méditerranée. Les noms des lauréats des appels d’offres pour la construction de parcs éoliens flottants au large des côtes ont été dévoilés, marquant une étape importante dans la transition énergétique du pays.
Un cap franchi pour l’éolien en mer
Selon une source proche du dossier, ces deux parcs éoliens flottants représentent un investissement colossal de plusieurs milliards d’euros. Situés à plus de 25 kilomètres des côtes, ils permettront de produire une électricité verte équivalente à la consommation de près d’un million de foyers.
Le premier projet, baptisé « Éoliennes Flottantes d’Occitanie », a été remporté par le consortium Ocean Winds (EDP Renewables et Engie) et Éolien en mer participations (Caisse des dépôts). Il sera implanté dans la zone dite de la Narbonnaise, entre Agde et Port-la-Nouvelle.
Quant au second parc, « Golfe de Fos », il a été attribué à un groupement mené par EDF Renouvelables et Maple Power au large de Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône. Un emplacement stratégique pour l’approvisionnement de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Des défis technologiques à relever
Si le calendrier est tenu, la construction de ces parcs éoliens flottants devrait débuter en 2029 pour une mise en service prévue fin 2031. D’ici là, les lauréats vont devoir relever de nombreux défis technologiques pour concrétiser ces projets ambitieux.
Avec des profondeurs allant de 90 à 110 mètres, l’installation d’éoliennes posées au sol n’est pas envisageable. Les promoteurs misent donc sur la technologie flottante, encore peu mature mais en plein essor. Des flotteurs innovants et des turbines de nouvelle génération d’une puissance unitaire pouvant atteindre 21,5 MW sont à l’étude.
L’éolien représentera 35% de la production d’énergie en France à l’horizon 2050, derrière le nucléaire.
Marc Hirt, directeur général d’Ocean Winds France
Structurer une filière industrielle française
Au-delà de la prouesse technologique, ces projets éoliens offshore constituent une opportunité unique pour structurer une véritable filière industrielle française. Les lauréats se sont engagés à réaliser au moins 50% du projet sur le territoire national.
Cela implique de développer des compétences et un savoir-faire local, de la conception à la fabrication des composants, en passant par l’assemblage et la maintenance des parcs. Des milliers d’emplois directs et indirects sont en jeu, avec à la clé un leadership mondial dans ce secteur d’avenir.
L’enjeu environnemental au cœur du projet
Si l’éolien en mer suscite de fortes attentes en matière de transition énergétique, son développement ne doit pas se faire au détriment de l’environnement. Conscients de cet impératif, les porteurs de projets ont pris des engagements forts en faveur de la biodiversité marine.
Des études d’impact approfondies seront menées pour évaluer les effets potentiels sur la faune et la flore. Des mesures d’évitement, de réduction et de compensation seront définies en concertation avec les acteurs locaux. L’objectif : atteindre un taux de recyclage des éoliennes supérieur à 90% en fin de vie.
La Méditerranée, un terrain de jeu prometteur
Avec sa météo clémente, ses vents réguliers et son potentiel inexploité, la Méditerranée apparait comme un terrain de jeu idéal pour l’éolien flottant. Ces deux premiers parcs commerciaux ouvrent la voie à un déploiement à grande échelle dans les années à venir.
D’autres projets sont déjà dans les cartons, notamment dans le cadre de l’Appel d’offres 9 qui sera lancé à horizon 2030. L’extension des parcs existants est également envisagée pour accroître les capacités de production renouvelables en mer.
En donnant son feu vert à ces deux projets pionniers, la France envoie un signal fort quant à ses ambitions en matière de transition énergétique. L’éolien flottant s’impose comme une solution d’avenir pour décarboner le mix électrique tout en créant de la valeur et des emplois sur nos côtes.
Reste désormais à transformer l’essai et à tenir les délais pour faire de ces parcs une vitrine technologique et environnementale. Un défi de taille que les acteurs de la filière sont déterminés à relever pour faire souffler un vent nouveau sur notre façon de produire l’électricité.