C’est une scène surprenante qui s’est déroulée le 28 décembre dernier aux abords de la prison pour mineurs de Porcheville, dans les Yvelines. Deux adolescents âgés de seulement 16 et 17 ans ont été interpellés alors qu’ils tentaient d’introduire des colis suspects dans l’établissement pénitentiaire. Un événement qui soulève de nombreuses questions sur la sécurité et le trafic en milieu carcéral.
Des « projections » contenant drogues et téléphones
Selon des sources policières, les deux mineurs étaient postés à proximité de la prison, s’apprêtant à lancer par-dessus les murs ce que l’on appelle dans le jargon des « projections ». A l’intérieur de ces colis clandestins : du cannabis, des cigarettes et des téléphones portables, des produits strictement interdits en détention mais très prisés des détenus.
Une pratique malheureusement courante comme l’explique un surveillant pénitentiaire sous couvert d’anonymat :
Les projections sont un véritable fléau. Malgré notre vigilance, il est très difficile d’empêcher totalement l’entrée de produits illicites. Et ce trafic peut rapporter gros à l’intérieur, où tout se monnaye.
Des adolescents connus de la justice
Interpellés en flagrant délit, les deux adolescents n’en sont pas à leur premier fait d’armes. Déjà connus des services de police, ils ont été placés en garde à vue immédiatement après leur arrestation. Mais celle-ci a dû être levée, en raison de leur statut de mineurs.
Ils devraient prochainement être convoqués devant un juge pour enfants, qui devra statuer sur leur sort et les mesures éducatives ou sanctions à mettre en œuvre. La justice devra déterminer leur degré d’implication et s’ils agissaient pour leur propre compte ou sous la coupe d’individus plus âgés.
Une enquête approfondie à mener
Au-delà du cas de ces deux mineurs, c’est toute la question de la sécurité pénitentiaire et des réseaux de trafic qui est posée. Les investigations devront permettre de remonter les filières et de mettre au jour d’éventuelles complicités internes.
Car si les « projectionnistes » opèrent depuis l’extérieur, leur action nécessite souvent des relais parmi les détenus, voire parmi le personnel comme le redoute ce gradé pénitentiaire :
Vu les quantités projetées et la fréquence, il est difficile d’imaginer que ce trafic se fasse sans des complicités internes. C’est toute la chaîne qu’il faut démanteler, de l’approvisionnement à la distribution en détention.
Renforcer les dispositifs de sécurité
Face à ces dérives, l’administration pénitentiaire tente de réagir et de colmater les brèches, dans un contexte de surpopulation carcérale et de sous-effectif chronique. Filets anti-projections, nasses de sécurité, vidéosurveillance renforcée, bouclage électronique : les dispositifs se multiplient pour tenter d’endiguer le phénomène.
Mais beaucoup réclament surtout des moyens humains supplémentaires, à l’image de ce représentant syndical :
Tout le monde le sait, la meilleure sécurité en prison, ce sont des agents en nombre suffisant, bien formés et présents sur le terrain au contact de la population pénale. Mais dans le contexte actuel, on colmate comme on peut…
L’arrestation des deux adolescents à Porcheville vient en tout cas rappeler l’existence de toute une économie clandestine qui gangrène le milieu carcéral. Un trafic qui ne se limite pas aux murs des prisons et qui, comme le montre cette affaire, peut impliquer de très jeunes délinquants. La justice et l’administration pénitentiaire se retrouvent une nouvelle fois face à un défi sécuritaire et humain majeur. Avec la nécessité d’apporter une réponse pénale adaptée, mais aussi de réfléchir aux racines d’un mal profond qui touche l’ensemble de la société.
