Les tensions persistent dans la région himalayenne du Cachemire, théâtre d’un conflit de longue date entre l’Inde et le Pakistan. Ce samedi, l’armée indienne a annoncé avoir abattu deux militants séparatistes présumés lors d’une fusillade à Anantnag, dans le sud du Cachemire sous contrôle indien.
Selon le Chinar Corps, une unité de l’armée indienne, les tirs ont éclaté après que les troupes se soient déplacées pour vérifier des “mouvements suspects” dans la zone. Les militants auraient ouvert le feu “sans discrimination”, poussant les soldats à riposter, éliminant ainsi deux insurgés présumés lors de cet échange.
Le Cachemire, une poudrière entre deux puissances nucléaires
Depuis la partition des Indes britanniques en 1947, le Cachemire, à majorité musulmane, est divisé entre l’Inde et le Pakistan qui le revendiquent chacun dans sa totalité. Cette dispute territoriale a engendré plusieurs guerres et une instabilité chronique dans la région.
New Delhi et Islamabad s’accusent mutuellement d’alimenter le militantisme et l’espionnage dans ce territoire montagneux stratégique. L’Inde maintient une présence militaire massive, avec au moins 500 000 soldats déployés pour combattre une insurrection séparatiste active depuis 1989.
Une rébellion qui a fait des dizaines de milliers de victimes
Les groupes rebelles réclament soit l’indépendance du Cachemire, soit son rattachement au Pakistan voisin. Selon des estimations, ce conflit a coûté la vie à plus de 47 000 personnes, principalement des civils, au cours des trois dernières décennies.
Malgré des mesures de sécurité draconiennes, les violences persistent. La semaine dernière, des militants présumés ont tendu une embuscade à un véhicule de l’armée, tuant trois soldats et deux civils. Peu avant, sept personnes avaient été abattues près d’un chantier de construction d’un tunnel stratégique reliant le Cachemire à la région du Ladakh, une autre zone disputée avec la Chine.
New Delhi durcit sa politique, les tensions s’accentuent
En 2019, le gouvernement nationaliste hindou du Premier ministre Narendra Modi a révoqué le statut spécial d’autonomie dont bénéficiait la partie du Cachemire sous contrôle indien. Cette décision controversée a ravivé les tensions et les craintes d’un regain de violences dans la vallée.
Malgré un verrouillage sécuritaire et politique, le Cachemire indien a organisé début octobre ses premières élections locales depuis la révocation de son autonomie. Un scrutin marqué par une faible participation sur fond d’appels au boycott de la part des séparatistes.
Une paix durable reste incertaine
Alors que l’Inde affirme avoir éliminé des centaines de rebelles depuis 2019, ce nouvel incident démontre que la situation reste précaire. Le Cachemire demeure une poudrière susceptible de dégénérer à tout moment en un conflit ouvert entre l’Inde et le Pakistan, deux puissances nucléaires.
La communauté internationale, inquiète des risques de confrontation, appelle régulièrement les deux voisins à la retenue et au dialogue. Mais dans cette région déchirée depuis plus de 70 ans, où la méfiance est profondément ancrée, la route vers une paix durable semble encore longue et semée d’embûches.
“Le Cachemire est devenu un baril de poudre qui pourrait exploser à tout moment et provoquer une nouvelle escalade dangereuse entre ces deux rivaux nucléaires.”
– Un diplomate occidental en poste dans la région
Seul un dialogue sincère, prenant en compte les aspirations de la population locale, pourrait apaiser durablement les tensions. Mais pour l’heure, coincé entre les ambitions nationalistes de New Delhi et Islamabad, le Cachemire reste l’une des régions les plus militarisées et instables au monde. Une poudrière au cœur de l’Asie qui continue de couver sous les cendres d’un conflit vieux de plusieurs décennies.