C’est une nouvelle qui a secoué l’Arabie Saoudite et le Yémen ce week-end. Vendredi, en plein cœur d’un camp militaire dans la ville yéménite de Sayoun, un officier et un sous-officier saoudiens ont été abattus lors d’une attaque surprise. Un autre officier a également été blessé dans ce que les autorités saoudiennes ont qualifié “d’attaque lâche et perfide”. Les circonstances exactes restent encore floues, mais les premiers éléments laissent penser que le drame s’est noué lors d’un entraînement sportif.
Le Yémen, Théâtre De Tensions Régionales
Depuis 2015, l’Arabie Saoudite mène une coalition militaire au Yémen pour soutenir le gouvernement face aux rebelles Houthis, soutenus par l’Iran. Un conflit qui a plongé le pays dans l’une des pires crises humanitaires au monde, faisant des centaines de milliers de morts. Malgré une accalmie des combats depuis la trêve négociée par l’ONU en 2022, la situation reste hautement instable.
Le camp militaire attaqué se trouve à Sayoun, dans la province de Hadramout, une zone sous contrôle gouvernemental. D’après le porte-parole du ministère saoudien de la Défense, les forces de la coalition qui y étaient stationnées avaient pour mission “d’aider à former les forces yéménites pour lutter contre le terrorisme et la contrebande”.
Un Acte Isolé Ou Une Menace Plus Large ?
Si les autorités saoudiennes ont souligné que l’assaillant, décrit comme “affilié” au ministère yéménite de la Défense, “ne représente pas les membres honorables” de cette institution, cet événement tragique soulève de nombreuses questions. S’agit-il d’un acte isolé né d’une altercation qui a mal tourné, comme le suggère un officier yéménite ? Ou est-ce le signe d’une menace plus large pesant sur les forces de la coalition ?
Une enquête sera menée en coordination avec le ministère de la Défense yéménite pour établir “les raisons et les motifs de l’attaque et arrêter l’assaillant pour le présenter devant la justice”.
Ministère saoudien de la Défense
La Coalition Arabe Fragilisée ?
Cette attaque meurtrière est un coup dur pour la coalition arabe menée par l’Arabie Saoudite. Elle met en lumière la fragilité de la situation sécuritaire, y compris dans les zones supposées sous contrôle. Les camps d’entraînement où opèrent les forces saoudiennes et yéménites sont-ils suffisamment sûrs ? Quelles seront les conséquences sur la coopération militaire entre les deux pays ?
Autant de questions auxquelles devra répondre l’enquête qui s’ouvre. Les corps des deux soldats tués et l’officier blessé ont d’ores et déjà été rapatriés en Arabie Saoudite. Mais au-delà de l’émotion suscitée par ce drame, c’est toute la stratégie saoudienne au Yémen qui pourrait être remise en cause. Car si la guerre a officiellement baissé en intensité, la paix est encore loin d’être gagnée dans ce pays meurtri, le plus pauvre de la péninsule arabique.
Vers Une Nouvelle Escalade De Violence ?
Malgré la réduction des combats depuis la trêve de 2022, le Yémen reste un baril de poudre où s’affrontent, par procuration, les grandes puissances régionales. L’Iran d’un côté, soutenant les rebelles Houthis qui contrôlent la capitale Sanaa et de larges pans du territoire. L’Arabie Saoudite de l’autre, à la tête d’une coalition militaire appuyant le gouvernement internationalement reconnu.
Dans ce contexte, l’attaque meurtrière de Sayoun fait craindre une nouvelle escalade de violence. D’autant que les ONG et experts de l’ONU ont régulièrement accusé toutes les parties d’avoir commis des crimes de guerre dans ce conflit qui a déjà fait des centaines de milliers de morts et provoqué l’une des pires crises humanitaires au monde.
La Communauté Internationale Interpellée
Face à cette situation explosive, la communauté internationale est plus que jamais interpellée. L’ONU, qui a négocié la trêve en 2022, doit redoubler d’efforts pour éviter une reprise à grande échelle des hostilités. Les grandes puissances, États-Unis en tête, sont aussi appelées à user de leur influence pour pousser les différents acteurs vers une solution politique.
Car seule une paix durable et inclusive pourra mettre fin au calvaire du peuple yéménite. Et éviter que des drames comme celui de Sayoun ne se reproduisent, fauchant des vies de soldats comme de civils dans un conflit qui n’a que trop duré. Le chemin sera long et semé d’embûches. Mais il en va de la stabilité de toute la région et de la sécurité du monde.