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Deux France s’affrontent à Romans-sur-Isère après un drame

Un meurtre sordide, deux France qui s'affrontent : Romans-sur-Isère au cœur de la fracture française. Rassemblements interdits, tensions maximales...

C’est une France fracturée, une France en colère qui s’est donné rendez-vous ce samedi 30 novembre 2024 à Romans-sur-Isère. Un an après le meurtre sordide du jeune Thomas, poignardé à mort lors d’un bal, l’émotion est toujours vive dans cette ville de la Drôme. Mais au-delà de la tragédie humaine, c’est un véritable choc de cultures, de visions du monde qui s’est joué dans les rues de la cité.

Deux marches, deux Frances irréconciliables

D’un côté, à l’appel du collectif d’ultra-droite « Justice pour les nôtres », plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées en mémoire de Thomas, mais aussi « de toutes les autres victimes de l’immigration ». Une marche non autorisée par la préfecture, finalement validée in extremis par la justice. De l’autre, à quelques encablures, une contre-manifestation menée par des collectifs d’extrême-gauche, venus dénoncer la récupération politique de ce drame.

Malgré un imposant dispositif policier, la tension était palpable entre les deux camps. « Justice pour Thomas », « On est chez nous », scandaient les uns. « Pas de fachos dans nos quartiers », répondaient les autres. Deux visions de la société, deux Frances qui ne se comprennent plus, qui ne se parlent plus.

L’ombre de la « France périphérique »

Car au-delà de ce fait divers tragique, c’est bien la question identitaire, la peur du « grand remplacement » qui était au cœur des discours de la marche de droite. Une rhétorique qui fait écho au concept de « France périphérique », ces territoires délaissés, en perte de repères, où la tentation du repli identitaire est forte.

On a l’impression d’être abandonnés, oubliés. L’insécurité augmente, nos traditions disparaissent. Il est temps de dire stop.

Un manifestant de « Justice pour les nôtres »

La difficile équation des quartiers populaires

En face, dans le quartier de la Monnaie où vivaient les mis en cause du meurtre de Thomas, c’est l’incompréhension et la crainte qui dominent. Depuis un an, les habitants disent subir un climat de suspicion, voire de « racisme décomplexé ». Beaucoup dénoncent un amalgame dangereux entre immigration, islam et délinquance.

On n’a pas attendu ce drame pour condamner la violence. Mais là, on a l’impression que tout un quartier, toute une communauté est montrée du doigt. C’est insupportable.

Un habitant du quartier de la Monnaie

La classe politique interpellée

Face à ces fractures béantes, la maire de Romans-sur-Isère, Marie-Hélène Thoraval, tente tant bien que mal de prôner l’apaisement. Mais en coulisses, selon nos informations, l’édile s’inquiète d’une situation qui dégénère. Elle a d’ailleurs saisi le gouvernement à plusieurs reprises, réclamant des moyens supplémentaires pour sa ville. Car cette journée de tensions à Romans n’est que le reflet d’un mal plus profond qui ronge de nombreux territoires : sentiment d’abandon, montée des communautarismes, perte de confiance en la République…

Des maux auxquels le gouvernement peine encore à apporter des réponses. Mais le temps presse. Car comme le confie un proche du dossier, « si on ne fait rien, des drames comme celui de Crépol, il y en aura d’autres. Et le fossé entre les deux France ne fera que se creuser. » Un constat glaçant, un an après la mort de Thomas.

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