La menace terroriste reste une réalité en France, comme en témoignent deux récentes décisions du gouvernement de déchoir de leur nationalité française deux individus radicalisés originaires de la région lyonnaise. Ces cas emblématiques soulèvent des questions sur le profil de ces djihadistes et l’efficacité de cette mesure pour lutter contre le terrorisme.
Deux parcours de radicalisation inquiétants
Le premier homme, Yannis Boughdiri, né en 1996 à Bourgoin-Jallieu, avait attiré l’attention des services de renseignement après avoir communiqué avec des membres de l’État islamique via l’application Telegram. Il avait exprimé sa volonté de passer à l’acte en attaquant des militaires, avant de chercher à rejoindre la zone irako-syrienne.
Le second, Hamza Mandhouj, un villeurbannais de 35 ans, s’était rendu en Syrie en 2013 avec sa fille de 18 mois pour intégrer les rangs d’Al-Qaïda. Un enlèvement qui avait duré près d’un an, avant que la mère ne parvienne à récupérer l’enfant. Condamné en 2018, il purge actuellement une peine de 10 ans de prison.
Une décision rare et symbolique
Si la déchéance de nationalité reste une mesure exceptionnelle, son utilisation semble s’accélérer ces derniers mois. Depuis 2015, 49 personnes ont été déchues de la nationalité française, dont 17 depuis le début de l’année 2024.
La mesure de déchéance de nationalité et l’expulsion qui s’en suit se font au cas par cas et selon la qualité des coopérations avec les pays d’origine.
Jean-Charles Brisard, président du Centre d’analyse du terrorisme
Une décision lourde de sens, qui vise à marquer une ligne rouge face aux actes de terrorisme et trahisons envers la République. Elle soulève néanmoins des questions juridiques et éthiques sur la “double peine” et le risque d’apatridie.
La région lyonnaise, un foyer de radicalisation ?
Ces deux cas rappellent que la région lyonnaise n’est pas épargnée par le phénomène de radicalisation islamiste. Plusieurs filières de départ vers la Syrie ont été démantelées ces dernières années, tandis que des projets d’attentats ont été déjoués.
Les autorités et associations locales multiplient les initiatives pour prévenir la radicalisation, notamment auprès des jeunes : cellules de suivi, actions de sensibilisation, accompagnement des familles… Un travail de longue haleine face à une idéologie mortifère qui continue de séduire certains esprits fragiles.
La déchéance de nationalité, une arme efficace ?
Si la déchéance de nationalité se veut une sanction ultime face aux actes de terrorisme, son efficacité interroge. Une fois expulsés, le suivi de ces individus devient plus complexe. Le risque est aussi de les transformer en martyrs de leur cause.
Pour beaucoup d’experts, la réponse se doit d’être globale, mêlant répression et prévention. Un défi majeur alors que la menace terroriste se fait plus diffuse et endogène. Chaque parcours de radicalisation questionne sur les fragilités de notre société et sa capacité à faire rempart.
Les destins brisés de Yannis Boughdiri et Hamza Mandhouj incarnent ces failles qui peuvent conduire à l’irréparable. Au-delà de l’émotion et de la fermeté, leurs cas invitent à une réflexion de fond pour combinant sanctions, détection des signes de basculement et réaffirmation des valeurs républicaines. Un combat de chaque instant.