Le milieu du théâtre français est sous le choc. Deux jeunes comédiennes, Agathe Pujol et Pauline Darcel, ont pris la parole dans les colonnes de Libération pour témoigner des violences sexuelles qu’elles affirment avoir subies de la part de Philippe Caubère. Alors qu’elles étaient encore mineures et que le metteur en scène était âgé de plus de 60 ans, elles dénoncent « l’emprise » exercée par cette figure du théâtre.
Des faits présumés sur une décennie
Les faits se seraient déroulés entre 2010 et 2022 selon les plaintes déposées par les victimes présumées. Pauline Darcel a porté plainte début 2023 pour « atteinte sexuelle sur mineur », tandis qu’Agathe Pujol a saisi la justice en octobre de la même année, encouragées toutes deux par d’autres plaintes déposées précédemment à l’encontre de Philippe Caubère.
Un mode opératoire similaire
Les deux jeunes femmes, alors adolescentes et passionnées de théâtre, racontent avoir rencontré Philippe Caubère par le biais de courriers d’admiration qu’elles lui avaient adressés. S’en seraient suivies des invitations dans l’appartement de l’homme de théâtre récompensé de trois Molières, où se seraient déroulés baisers et attouchements non consentis selon leurs récits.
« Il a fait de moi sa chose », confie Agathe Pujol, qui accuse Philippe Caubère de viols répétés et d’emprise psychologique pendant près d’une décennie.
Une emprise psychologique dénoncée
Au-delà des violences physiques, Agathe Pujol et Pauline Darcel mettent en lumière la manipulation mentale dont elles affirment avoir été victimes. Centaines de SMS, mails, remarques dégradantes… Agathe Pujol parle d’un « lavage de cerveau » de la part du metteur en scène qui lui répétait qu’elle « n’était rien sans lui ».
Utilisée comme assistante, présentée comme sa petite amie, la jeune femme raconte être tombée sous l’emprise totale de Philippe Caubère pendant de longues années, n’ayant « aucun libre arbitre » face à cet homme de 40 ans son aîné.
Une omerta brisée
Si ces révélations font l’effet d’une bombe, plusieurs proches et collaborateurs de Philippe Caubère affirment qu’ils connaissaient la nature des relations entre le metteur en scène et Agathe Pujol. « Tout le monde savait » assurent les deux comédiennes, qui dénoncent une forme d’omerta dans ce milieu.
En brisant le silence, elles espèrent faire bouger les lignes et encourager d’autres victimes à parler. Car leurs récits ne seraient que « la partie émergée de l’iceberg » selon des sources proches du dossier.
Philippe Caubère conteste les accusations
Contacté par Libération, Philippe Caubère a refusé de répondre aux questions du quotidien. Ses avocates indiquent simplement que le comédien « réfute » avoir imposé le moindre acte sexuel aux jeunes femmes. Il a été mis en examen en février 2024 pour agressions sexuelles, viols et corruption de mineur sur trois plaignantes.
Placé sous contrôle judiciaire, il a interdiction d’exercer une activité en lien avec des mineurs et d’entrer en contact avec les victimes présumées. L’enquête judiciaire devra déterminer la réalité des faits dénoncés et d’éventuelles autres victimes.
Avec leurs témoignages poignants, Agathe Pujol et Pauline Darcel brisent la loi du silence et ouvrent la voie à une nécessaire libération de la parole. Reste désormais à la justice de faire la lumière sur cette affaire qui ébranle le monde du théâtre.