Une nouvelle attaque visant des ressortissants chinois au Pakistan fait monter les tensions entre Pékin et Islamabad. Mardi dernier, deux citoyens chinois ont été blessés à Karachi, la capitale économique du pays, lors d’un incident qualifié « d’attaque » par les autorités locales. Cet événement s’ajoute à une série d’agressions qui ont coûté la vie à plus d’une vingtaine de Chinois ces trois dernières années dans le pays, suscitant l’ire de Pékin.
La Chine exige plus de sécurité pour ses ressortissants
Principal partenaire économique du Pakistan, la Chine ne cesse de réclamer à Islamabad de renforcer les mesures de protection autour de ses citoyens, pour la plupart employés à la construction de grands projets d’infrastructure ou dans des entreprises industrielles à travers le pays. Pékin fournit en effet des fonds et du personnel pour développer les infrastructures pakistanaises, un soutien vital pour ce pays au bord de la faillite.
Mais ces chantiers sino-pakistanais sont régulièrement la cible d’attaques, notamment de la part de groupes séparatistes qui accusent la Chine d’exploiter les ressources locales. En septembre dernier, deux ingénieurs chinois avaient été tués à Karachi lors d’un attentat revendiqué par des indépendantistes baloutches. Quelques mois plus tôt, une explosion avait visé un convoi transportant des ingénieurs chinois, faisant cinq morts.
Un ministre pakistanais ordonne l’arrestation d’un agent de sécurité
Suite à l’agression de mardi, un ministre de la province de Karachi a dénoncé une « attaque contre des ressortissants chinois » et ordonné à la police « d’arrêter l’agent de sécurité impliqué ». Il a également exigé un audit de toutes les entreprises fournissant des services de protection aux citoyens chinois et étrangers au Pakistan.
Les deux blessés chinois ont été transportés à l’hôpital où ils reçoivent des soins.
– Une source médicale à Karachi
L’ambassadeur chinois hausse le ton
En octobre, l’ambassadeur chinois au Pakistan avait vivement réagi après deux attaques en moins de six mois visant ses concitoyens, jugeant la situation « inacceptable ». Il avait sommé Islamabad de prendre « des mesures concrètes pour empêcher que de tels actes terroristes ne se reproduisent », provoquant la perplexité des autorités pakistanaises peu habituées à se faire réprimander sur la place publique par leur principal allié.
Le Pakistan pris entre deux feux
Alors que les investissements chinois suscitent un fort mécontentement au sein de la population pakistanaise qui se sent lésée par ces projets, le gouvernement d’Islamabad doit composer avec une dépendance économique croissante vis-à-vis de Pékin, seul soutien politique et financier encore solide dans un contexte de grave crise économique.
Entre les groupes armés déterminés à déstabiliser la présence chinoise sur son sol et les exigences sécuritaires de plus en plus pressantes de son partenaire chinois, le Pakistan se retrouve dans une position de plus en plus intenable. Si les autorités ne parviennent pas à enrayer cette spirale de violences visant les ressortissants chinois, Pékin pourrait revoir son soutien, essentiel pour maintenir la fragile stabilité du pays. L’attaque de mardi illustre une nouvelle fois les dangers de ce grand écart diplomatique.