La situation reste tendue au Mozambique plus d’un mois après les élections générales du 9 octobre dernier. Alors que le parti historique Frelimo a été déclaré vainqueur, l’opposition conteste vivement les résultats, dénonçant de nombreuses irrégularités. Dans ce contexte, deux importantes centrales électriques du pays ont été contraintes de stopper leur production ce samedi, paralysées par des manifestants.
Des centrales prises pour cible par les contestataires
Selon l’opérateur public Electricidade de Moçambique, un groupe de manifestants s’est rendu aux centrales thermoélectriques de Ressano Garcia et Gigawatt, exigeant un arrêt total de la production d’énergie. Face à la pression et craignant que la situation ne dégénère, les responsables ont été contraints d’obtempérer, privant ainsi le réseau de 250 mégawatts.
Ces deux centrales, situées près de la frontière avec l’Afrique du Sud, sont stratégiques pour l’approvisionnement énergétique du Mozambique. Leur mise à l’arrêt forcée constitue donc un coup dur pour le pays, déjà fragilisé par les tensions post-électorales.
Une contestation qui ne faiblit pas
Depuis l’annonce des résultats donnant le parti Frelimo vainqueur, le principal opposant Venancio Mondlane appelle à manifester pour dénoncer ce qu’il estime être une fraude électorale massive. Malgré la répression parfois violente du mouvement, qui a fait plus de 90 morts selon une ONG locale, la mobilisation ne semble pas faiblir.
Mercredi dernier, M. Mondlane a même relancé les manifestations à travers tout le pays. Il assure depuis l’étranger qu’une nouvelle tentative d’assassinat contre lui a échoué récemment, après une première en novembre lorsqu’il était réfugié en Afrique du Sud.
Une bataille des chiffres
Pour Venancio Mondlane, la victoire ne fait aucun doute. Il affirme avoir obtenu plus de 53% des suffrages, contre moins de 36% pour Daniel Chapo, le candidat du Frelimo déclaré vainqueur avec 71% des voix par la commission électorale. Des écarts considérables qui nourrissent la suspicion.
C’est un hold-up électoral en bonne et due forme. Nous n’accepterons jamais ces résultats falsifiés.
Un proche de Venancio Mondlane
Le Conseil constitutionnel doit encore confirmer les résultats finaux au moins deux semaines avant l’investiture prévue en janvier de Daniel Chapo. Mais les tensions actuelles laissent présager une transition des plus compliquées pour le futur président.
Un pays sous pression
Au-delà de la crise politique, c’est toute l’économie mozambicaine qui souffre de cette situation. Le blocage des frontières et les perturbations dans les transports et la production d’énergie pénalisent de nombreux secteurs.
Avec une croissance déjà faible et une pauvreté très élevée, le Mozambique peut difficilement se permettre une instabilité prolongée. La communauté internationale a appelé toutes les parties à la retenue et au dialogue pour sortir de l’impasse actuelle.
Mais pour l’heure, entre accusations de fraude d’un côté et tentatives d’assassinat présumées de l’autre, les positions semblent difficilement conciliables. Le Mozambique traverse l’une des pires crises politiques de son histoire récente, avec de lourdes conséquences économiques et sociales. Une issue rapide est plus que jamais nécessaire pour le pays.