Le ministère jordanien des Affaires étrangères a annoncé mercredi avoir récupéré les corps de deux citoyens jordaniens tués en octobre dernier après avoir attaqué des soldats israéliens. Cet incident, qui avait fait deux blessés côté israélien, ravive les tensions entre les deux pays voisins liés par un traité de paix depuis 1994.
Une attaque à la frontière israélo-jordanienne
Le 18 octobre 2024, Amer Qawas et Houssam Abou Ghazaleh, deux membres jordaniens de la confrérie des Frères musulmans, s’étaient infiltrés en territoire israélien au sud de la mer Morte. Ils avaient ouvert le feu sur des soldats, blessant légèrement un soldat et un réserviste, avant d’être abattus.
Selon des sources proches du dossier, les corps ont été remis aux familles des assaillants via le pont du Roi Hussein, un point de passage entre la Cisjordanie occupée et la Jordanie sous contrôle israélien. L’armée israélienne a confirmé avoir transféré les dépouilles dans la nuit de mardi à mercredi.
La Jordanie, une position délicate
Près de la moitié de la population jordanienne est d’origine palestinienne. En 1994, la Jordanie est devenue le deuxième pays arabe, après l’Égypte, à signer un traité de paix avec Israël et à établir des relations diplomatiques. Mais cet équilibre est fragile.
Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza il y a plus d’un an, les tensions se multiplient entre Amman et l’État hébreu. Des manifestations de soutien aux Palestiniens se tiennent régulièrement devant l’ambassade d’Israël.
Une escalade inquiétante
Cet épisode s’ajoute à une série d’incidents récents qui ont mis à mal les relations diplomatiques israélo-jordaniennes :
- Le 24 novembre, un homme a été abattu à Amman après avoir ouvert le feu sur des forces de sécurité près de l’ambassade d’Israël.
- Le 8 septembre, trois vigiles israéliens ont été tués par un chauffeur jordanien au point de passage d’Allenby.
Alors que le conflit israélo-palestinien s’enlise, la remise des corps des assaillants jordaniens apparaît comme un geste d’apaisement. Mais il faudra plus qu’un symbole pour restaurer la confiance entre deux pays pris dans les tourments de la géopolitique régionale.
La Jordanie est prise en étau entre sa population, majoritairement solidaire des Palestiniens, et son allié stratégique israélien. Un équilibre de plus en plus précaire.
– Un diplomate occidental en poste à Amman
Au-delà de cet incident, c’est tout l’avenir des relations israélo-jordaniennes qui est en jeu. Le traité de paix de 1994, longtemps considéré comme un modèle de coexistence, semble aujourd’hui bien fragile face aux vents contraires qui soufflent sur la région.