Vendredi 14 octobre 2022, alors que l’actualité britannique est dominée par la démission de la Première ministre Liz Truss, un évènement d’un tout autre ordre fait la une des médias du monde entier. Deux militantes écologistes du groupe Just Stop Oil jettent de la soupe à la tomate sur les « Tournesols » de Van Gogh, chef d’oeuvre exposé à la National Gallery de Londres. Avant de se coller les mains au mur, elles lancent : « Qu’est-ce qui vaut le plus, l’art ou la vie ? »
Une action coup de poing pour le climat
Phoebe Plummer, 23 ans, et Anna Holland, 22 ans, sont les deux activistes à l’origine de cette action choc. Leur objectif : alerter sur l’urgence climatique et pointer du doigt l’inaction des gouvernements face à la crise. En s’attaquant à une œuvre mondialement connue, elles espèrent faire réagir l’opinion publique.
Le collectif Just Stop Oil, dont elles se revendiquent, milite pour l’arrêt immédiat de tout nouveau projet pétrolier ou gazier au Royaume-Uni. Il multiplie les actions de désobéissance civile, comme le blocage de routes ou de raffineries.
Une toile protégée, des avis partagés
Fort heureusement, le tableau de Van Gogh n’a pas été endommagé. Évalué à plus de 84 millions de dollars, il est protégé par une vitre, qui a été légèrement abîmée par l’attaque. Les deux militantes ont rapidement été interpellées et placées en détention.
Leur geste ne fait pas l’unanimité, y compris chez les défenseurs de l’environnement. Certains y voient une stratégie contre-productive qui dessert la cause écologique en suscitant l’incompréhension voire le rejet du public. D’autres saluent un électrochoc nécessaire, au vu de l’ampleur de la menace climatique.
La colère de ces jeunes permettra peut-être d’ouvrir les yeux.
– Sandrine Rousseau, députée écologiste
Deux militantes condamnées à de la prison ferme
Phoebe Plummer et Anna Holland ont finalement été jugées et condamnées à de lourdes peines de prison ferme. 2 ans pour la première, 20 mois pour la seconde. Une sévérité destinée à dissuader de futures actions similaires, qui vise aussi à rassurer une opinion choquée par ce vandalisme militant.
Mais le débat est loin d’être clos. Au même moment, d’autres activistes ont récidivé en s’en prenant à deux autres toiles de Van Gogh. Les questions posées par ces militantes restent entières : entre art et vie, entre patrimoine et avenir, que doit-on privilégier ? Jusqu’où l’engagement écologique peut-il aller ? Jusqu’où sommes-nous prêts à regarder ailleurs ?
On est dans un monde où souiller la vitre qui protège un tableau de Van Gogh fait plus réagir que la destruction de notre planète.
– David Belliard, élu écologiste de Paris
Au-delà du spectaculaire, c’est bien ce que ces actions désespérées cherchent à pointer du doigt : l’aveuglement collectif et l’inertie face à l’urgence climatique. Saurons-nous relever la tête des chefs-d’œuvre du passé pour affronter les défis du présent ? C’est la question que nous renvoient ces activistes, prêtes à en payer le prix fort.