Imaginez un lieu où des générations entières se sont rassemblées pour rire, pleurer et rêver devant un écran géant. Un endroit vibrant, rempli de lumières et de sons venus du monde entier. À Kaboul, ce lieu s’appelait l’Ariana. Aujourd’hui, il n’existe plus.
Jeudi dernier, des journalistes ont constaté sur place que le bâtiment historique avait été rasé. À la place, un amas de gravats et un panneau annonçant la construction prochaine d’un centre commercial moderne. Ce n’est pas seulement un cinéma qui disparaît, c’est un morceau entier de l’histoire culturelle afghane qui s’efface.
Un Symbole Culturel Effacé À Jamais
Le cinéma Ariana occupait une place centrale dans la vie des habitants de Kaboul depuis les années 1960. À l’époque, il était l’un des endroits préférés pour découvrir des films internationaux. Les familles s’y rendaient régulièrement, les jeunes couples y vivaient leurs premiers émois. C’était bien plus qu’une salle obscure : un vrai lieu de rencontre sociale.
Mais l’histoire mouvementée de l’Afghanistan n’a pas épargné ce bâtiment. Détruit une première fois lors de la guerre civile entre 1992 et 1996, il avait été pillé et laissé à l’abandon sous le premier régime taliban, de 1996 à 2001. À cette période, toute forme de loisir était interdite, considérée comme contraire aux principes rigoristes imposés.
Pourtant, l’Ariana avait connu une renaissance extraordinaire en 2004. Grâce à une mobilisation internationale, notamment française, le cinéma avait été entièrement restauré et rouvert au public. Cette résurrection symbolisait l’espoir d’un retour à une vie plus ouverte, plus culturelle.
Les Années Fastes Des Années 1960-1970
Retournons un instant dans le temps. Dans les années 1960 et 1970, Kaboul vivait une période relativement paisible et moderne. Le cinéma Ariana, fraîchement construit, attirait les foules. On y projetait des films indiens, américains, européens. Les habitants se souviennent encore de l’ambiance festive.
Une habitante de 65 ans, Breshna, a confié que la nouvelle de la destruction lui avait brisé le cœur. Elle y allait souvent avec ses parents. « Nous y avions tant de bons souvenirs. Il y avait une vie à l’époque », a-t-elle déclaré. Ces mots résonnent comme un écho d’un passé définitivement révolu.
À cette époque, le cinéma représentait une fenêtre sur le monde. Dans une ville en pleine modernisation, l’Ariana incarnait le progrès et l’ouverture culturelle. Les fauteuils confortables, l’écran immense, les projections régulières : tout contribuait à en faire un lieu incontournable.
« La nouvelle de la destruction du cinéma Ariana a brisé mon cœur. Nous y avions tant de bons souvenirs (…) Il y avait une vie à l’époque. »
Breshna, habitante de Kaboul âgée de 65 ans
Cette citation illustre parfaitement le sentiment de perte qui anime aujourd’hui de nombreux Kabouliens. Ce n’est pas seulement un bâtiment qui s’effondre, mais des milliers de souvenirs personnels.
La Destruction Pendant La Guerre Civile
Les années 1990 ont marqué un tournant tragique. La guerre civile a ravagé le pays et Kaboul en particulier. Le cinéma Ariana a été totalement détruit lors de ces affrontements. Bombardements, pillages : rien n’a été épargné.
Après la guerre, le bâtiment est resté en ruines. Sous le premier régime taliban, de 1996 à 2001, il est tombé dans l’oubli complet. Les nouvelles autorités imposaient une interprétation ultra-rigoriste de la loi islamique, proscrivant musique, cinéma et toute forme de divertissement.
Pendant ces années sombres, l’Ariana n’était plus qu’une coquille vide, symbole d’une culture étouffée. Aucun projet de restauration n’était envisageable dans ce contexte.
La Renaissance Miracle De 2004
2004 reste une année lumineuse dans l’histoire de l’Ariana. Après la chute du premier régime taliban, un vaste projet de restauration a été lancé. Des architectes français ont dirigé les travaux, financés grâce à une association dédiée.
L’opération a mobilisé de nombreuses personnalités du cinéma français. Une salle de 600 places a été recréée, avec des fauteuils en bois recouverts de velours rouge. L’inauguration, le 23 mai 2004, a été un événement marquant.
Des responsables culturels français étaient présents, ainsi que plusieurs réalisateurs. Le président de l’époque avait salué l’initiative en déclarant qu’un cinéma est toujours une lumière dans la ville. Cette phrase résumait parfaitement l’espoir porté par ce projet.
« Un cinéma est toujours une lumière dans la ville. »
Jacques Chirac, en 2004
Cette renaissance symbolisait un nouveau départ pour Kaboul. Le cinéma rouvrait ses portes, offrant à nouveau des moments d’évasion aux habitants. Pendant quelques années, l’Ariana a pu fonctionner, rappelant les belles heures du passé.
Le Retour Des Talibans Et La Fermeture
Tout a basculé à nouveau en 2021 avec le retour au pouvoir des talibans. Depuis lors, les autorités imposent à nouveau une version très stricte de la loi islamique. Les cinémas, comme d’autres lieux de loisir, ont été fermés.
L’Ariana n’échappait pas à cette règle. Même si le bâtiment était resté intact pendant plusieurs années, il ne projetait plus de films. Il demeurait cependant debout, comme un témoin muet d’un passé plus ouvert.
Mais cette situation n’a pas duré. Récemment, la décision a été prise de raser complètement l’édifice pour construire un centre commercial. Priorité à l’économie moderne sur la préservation du patrimoine culturel.
Un Tas De Gravats Sur Une Place Centrale
Aujourd’hui, quiconque passe par cette place du centre de Kaboul peut voir le spectacle désolant. Un immense tas de gravats occupe l’emplacement. Un panneau annonce fièrement la future construction d’un centre commercial moderne.
Cette transformation illustre un choix clair : privilégier le développement commercial au détriment de l’histoire. Dans un pays encore marqué par des années de conflit, les priorités semblent ailleurs.
Pour les habitants, c’est une nouvelle blessure. Beaucoup passent devant les ruines avec tristesse, se remémorant les soirées passées dans cette salle. L’Ariana n’était pas qu’un cinéma, c’était un morceau de leur identité collective.
Éléments clés de l’histoire de l’Ariana :
- Construction dans les années 1960
- Destruction lors de la guerre civile (1992-1996)
- Abandon sous le premier régime taliban (1996-2001)
- Restauration et réouverture en 2004
- Fermeture après 2021
- Destruction totale récente pour un centre commercial
Que Reste-T-Il De La Culture Cinématographique À Kaboul ?
La disparition de l’Ariana pose une question plus large. Que devient la culture dans l’Afghanistan d’aujourd’hui ? Les lieux de divertissement sont rares, les restrictions nombreuses.
Autrefois, Kaboul comptait plusieurs cinémas. La plupart ont subi le même sort : destruction, abandon ou reconversion. L’Ariana était l’un des derniers témoins d’une époque révolue.
Les habitants regrettent cette perte. Pour beaucoup, le cinéma représentait une échappatoire, un lien avec le reste du monde. Aujourd’hui, ces opportunités sont limitées.
La décision de remplacer le cinéma par un centre commercial reflète peut-être les priorités actuelles. Développement économique, modernité urbaine. Mais au prix de l’effacement progressif du patrimoine.
Un Patrimoine Culturel En Danger
L’histoire de l’Ariana n’est malheureusement pas isolée. De nombreux sites historiques afghans ont souffert des conflits successifs. Certains ont été restaurés, d’autres définitivement perdus.
La restauration de 2004 avait montré qu’il était possible de préserver ce patrimoine avec de la volonté internationale. Aujourd’hui, cette destruction rappelle la fragilité de ces efforts.
Pour les générations futures, il ne restera que des photos et des récits. L’expérience vécue dans cette salle mythique appartiendra au passé.
Ce cas illustre les défis immenses auxquels fait face la préservation culturelle en contexte de changements politiques radicaux. Entre tradition rigoriste et modernisation, le patrimoine paie souvent le prix fort.
L’Ariana laisse derrière lui un vide. Pas seulement physique, sur cette place de Kaboul, mais aussi dans le cœur de ceux qui l’ont connu. Un chapitre se ferme définitivement.
En observant ces gravats, on ne peut s’empêcher de penser à tous ces films projetés, à toutes ces rires partagés. L’écran s’est éteint pour de bon. Mais les souvenirs, eux, persistent.
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