Le président sud-coréen déchu Yoon Suk Yeol découvre les rigueurs du régime carcéral en détention provisoire. Selon une source pénitentiaire, l’ancien procureur vedette se plie au quotidien spartiate des autres détenus : uniforme, douche hebdomadaire et cellule standard.
Arrestation et chefs d’accusation
Arrêté le 15 janvier, Yoon Suk Yeol est visé par plusieurs enquêtes, dont une pour « rébellion », un crime passible de la peine capitale. Il lui est reproché d’avoir déclaré par surprise la loi martiale le 3 décembre, plongeant le pays dans le chaos politique malgré le rapide échec de ce coup de force.
Dimanche, un tribunal de Séoul a prolongé sa détention provisoire de 20 jours, craignant une possible destruction de preuves. Yoon est ainsi officiellement devenu suspect dans une affaire criminelle, une première pour un chef d’État sud-coréen en exercice.
Transfert en cellule standard
Le dirigeant conservateur a été transféré dimanche dans une cellule de 12 m² du centre de détention d’Uiwang, en banlieue de Séoul. Selon le commissaire général des services correctionnels, il s’agit d’une « chambre standard utilisée par les détenus réguliers », d’une taille similaire à celles occupées par d’anciens présidents emprisonnés.
La cellule est équipée sommairement : table, étagère, évier, toilettes et télévision au temps de visionnage limité. Comme tous les prisonniers, Yoon doit abandonner ses habits civils pour l’uniforme kaki et se plier aux règles pénitentiaires :
- Port du numéro de détenu obligatoire
- Une heure de promenade quotidienne
- Une douche par semaine
Formalités et coopération
Pour sa prise en charge, le chef de l’État déchu a dû se soumettre aux formalités habituelles. Il a fait sa photo d’identité judiciaire et passé une visite médicale. « L’individu a bien coopéré », a relaté le commissaire Shin Yong-hae lors d’une audition parlementaire.
Statut présidentiel en suspens
Bien qu’incarcéré, Yoon Suk Yeol reste techniquement le président en titre. Suspendu depuis l’adoption de la motion de destitution à son encontre, il doit attendre que la Cour constitutionnelle confirme sa révocation définitive ou le rétablisse dans ses fonctions, au plus tard mi-juin.
Tensions avec les partisans
L’annonce de la prolongation de détention a attisé la colère des partisans de Yoon. Environ 300 manifestants se sont rassemblés à l’aube devant le tribunal, lançant projectiles et dégradant les locaux. La police a rapporté des dommages aux fenêtres et murs du rez-de-chaussée, ainsi qu’une intrusion d’une centaine de protestataires.
Lundi, Yoon Suk Yeol a refusé d’être interrogé, selon ses avocats. L’entité chargée des investigations (CIO) envisage de le convoquer « de force » si nécessaire. Le parcours et le destin du président déchu sont désormais entre les mains de la justice sud-coréenne.