L’avenir s’annonce bien sombre pour les Alaouites en Syrie. Selon des sources proches du dossier, le sort de cette minorité religieuse, branche dissidente du chiisme représentant à peine plus de 10% de la population syrienne, est plus qu’incertain depuis la chute soudaine du régime de Bachar el-Assad il y a une semaine. Un bouleversement qui rebat toutes les cartes du pouvoir dans ce pays aux multiples confessions.
Les Alaouites, de la domination à la disgrâce
Portée aux plus hautes sphères du gouvernement syrien pendant près de 50 ans, depuis le coup d’État d’Hafez el-Assad en 1970 jusqu’au renversement de son fils Bachar le 8 décembre dernier, la communauté alaouite se retrouve aujourd’hui dans une position plus que précaire. Une descente aux enfers aussi soudaine que spectaculaire.
Car si les Alaouites ne représentent qu’une infime partie de la population syrienne, ils occupaient, sous le règne des Assad père et fils, la quasi-totalité des postes clés de l’armée et des services de renseignement. Un contrôle absolu des rouages du pouvoir qui a brutalement pris fin avec l’offensive éclair des rebelles islamistes du HTS, désormais aux commandes à Damas.
Risque de représailles et de purge
Dans ce contexte explosif, beaucoup craignent que les Alaouites ne deviennent la cible de représailles de la part des nouveaux maîtres du pays. Des inquiétudes légitimes au vu des exactions et de la répression sans merci orchestrées pendant des décennies par le clan Assad à l’encontre de l’opposition sunnite, majoritaire en Syrie.
Nous craignons une vague de violences et de purges à l’encontre de notre communauté. Beaucoup veulent fuir le pays, mais pour aller où ?
– Un notable alaouite sous couvert d’anonymat
Si le nouveau gouvernement provisoire a promis de garantir les droits de toutes les minorités du pays, cette assurance sonne creux aux oreilles de nombreux Alaouites. La peur de subir le même sort que les Chrétiens d’Irak après la chute de Saddam Hussein, persécutés et chassés du pays par les islamistes, est dans tous les esprits.
Un futur plus qu’incertain
Concentrée principalement dans la région côtière de Lattaquié, son fief historique, la communauté alaouite s’interroge sur son avenir dans une Syrie post-Assad. Pourra-t-elle conserver une once d’influence et de pouvoir ? Rien n’est moins sûr tant l’hostilité à son égard semble profonde au sein des nouvelles autorités.
- Scénario d’une purge des Alaouites des forces armées et de sécurité
- Crainte de représailles violentes sur les populations civiles
- Risque d’un exode massif vers les pays voisins
Preuve de ce climat délétère, des informations font état de barrages et de contrôles systématiques visant les Alaouites, soupçonnés de soutenir en sous-main une contre-offensive des derniers fidèles de Bachar el-Assad pour reprendre le pouvoir. Un engrenage qui pourrait rapidement dégénérer en règlements de comptes intercommunautaires.
Appel à la protection de la communauté internationale
Face à ces vents mauvais, des voix s’élèvent au sein de la communauté alaouite pour appeler la communauté internationale à garantir sa protection et son intégrité dans la Syrie de demain. Un vœu pieux tant le pays, ravagé par une décennie de guerre civile, semble loin des préoccupations des grandes puissances.
La chute du dernier bastion du clan Assad ouvre ainsi une nouvelle page incertaine dans le grand livre tourmenté de la Syrie. Une page où les Alaouites, après avoir régné sans partage pendant un demi-siècle, risquent bien de se retrouver marginalisés, voire purement et simplement rayés de la carte. Un destin tragique pour cette minorité prise dans les tourments de l’Histoire.