L’immobilisation d’un cargo chinois, suspecté d’être impliqué dans la rupture énigmatique de deux câbles sous-marins en mer Baltique, alimente les spéculations sur un potentiel sabotage. Dans un contexte de tensions croissantes dans la région depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, cet incident soulève de nombreuses interrogations.
Des policiers suédois invités à bord en tant qu’observateurs
Selon une source proche du dossier, des policiers suédois ont été conviés à embarquer en tant qu’observateurs à bord du cargo chinois Yi Peng 3, immobilisé dans l’étroit détroit du Kattegat entre la Suède et le Danemark depuis le 19 novembre. Cette invitation, émanant des autorités chinoises menant les investigations, ne s’inscrit toutefois pas dans le cadre de l’enquête judiciaire suédoise en cours.
La police suédoise a tenu à préciser qu’aucune mesure d’enquête ne serait entreprise par ses soins sur le navire, les autorités danoises se chargeant de faciliter cette visite particulière. Cette position souligne la délicatesse de la situation et les enjeux géopolitiques sous-jacents.
Des câbles stratégiques sectionnés
Les faits remontent aux 17 et 18 novembre, lorsque des sections de deux câbles de télécommunications ont été coupées dans les eaux territoriales suédoises de la mer Baltique. Le premier, « Arelion », relie l’île suédoise de Gotland à la Lituanie, tandis que le second, « C-Lion1 », assure la connexion entre la Finlande et l’Allemagne.
Selon les données de géolocalisation des navires, le cargo Yi Peng 3 se trouvait précisément au-dessus des câbles au moment de leur rupture. Un élément troublant qui a rapidement attiré l’attention des autorités maritimes.
Surveillance étroite et enquête internationale
Dès le 20 novembre, la marine danoise a pris le relais pour surveiller le vraquier chinois, immobilisé dans les eaux internationales. Les gardes-côtes suédois ont également assuré une présence dans la zone pendant trois semaines. En parallèle, une enquête internationale a été ouverte, pilotée par le parquet suédois et menée conjointement par les polices suédoise, finlandaise et lituanienne.
Tensions géopolitiques et risque de sabotage
Si plusieurs dirigeants européens ont rapidement évoqué l’hypothèse d’un sabotage orchestré par la Russie, le Kremlin a balayé ces accusations, les qualifiant de « risibles » et « absurdes ». De son côté, la Chine a assuré sa pleine coopération dans le cadre de l’enquête suédoise.
Cet incident intervient dans un contexte de tensions exacerbées en mer Baltique depuis le début de la guerre en Ukraine. En octobre dernier, un gazoduc sous-marin reliant la Finlande et l’Estonie avait déjà été endommagé par l’ancre d’un autre cargo chinois, renforçant les craintes d’actions de sabotage ciblées sur les infrastructures stratégiques de la région.
Un incident aux multiples répercussions
Au-delà de l’impact sur les communications et l’économie des pays concernés, la rupture de ces câbles sous-marins met en lumière la vulnérabilité des infrastructures critiques face aux menaces hybrides. Elle soulève également des questions sur le rôle potentiel de la Chine dans cet incident et ses implications géopolitiques.
Alors que l’enquête se poursuit, les regards restent braqués sur le cargo Yi Peng 3 et les conclusions qui seront tirées par les autorités suédoises et leurs homologues internationaux. Cet événement, qui s’ajoute aux multiples zones de friction en mer Baltique, risque de marquer un nouveau tournant dans les relations déjà tendues entre les puissances régionales et mondiales.