C’est sous le choc et la consternation que l’Afghanistan a rendu un dernier hommage à Khalil Ur-Rahman Haqqani, ministre des Réfugiés et du Rapatriement, lors de funérailles qui ont rassemblé des milliers de personnes ce jeudi. La veille, il avait été la cible d’un attentat-suicide alors qu’il se trouvait dans son ministère à Kaboul, une attaque revendiquée par le groupe État islamique.
Depuis le retour au pouvoir des talibans en 2021, il s’agit de la première attaque visant un ministre du gouvernement en place. Un événement qui soulève de nombreuses inquiétudes quant à la stabilité et la sécurité du pays, malgré une diminution globale du nombre d’attentats ces derniers temps.
Un dispositif de sécurité exceptionnel déployé
Pour ces funérailles qui se sont déroulées dans le village natal du ministre, Sarana, dans la province montagneuse de Paktia au sud de Kaboul, les autorités n’ont pris aucun risque. Un important dispositif sécuritaire a été mis en place aux abords de la zone, alors que de nombreux hauts responsables talibans avaient fait le déplacement pour rendre un dernier hommage.
Parmi eux, on notait la présence du chef d’état-major des armées Fasihuddin Fitrat, ainsi que celle de Maulawi Abdul Kabir, adjoint politique au bureau du Premier ministre. Une foule immense, composée de milliers d’hommes dont beaucoup étaient armés, s’est rassemblée pour la cérémonie.
La perte d’un dirigeant influent
Visé par des sanctions américaines et onusiennes, Khalil Ur-Rahman Haqqani était une figure importante du régime taliban. Oncle du très influent ministre de l’Intérieur Sirajuddin Haqqani, il faisait partie d’une famille qui a joué un rôle central dans l’histoire récente de l’Afghanistan.
Son frère, Jalaluddin Haqqani, avait fondé le puissant réseau Haqqani, un groupe armé allié des talibans et accusé par les autorités américaines d’avoir perpétré certains des attentats les plus meurtriers en Afghanistan durant les deux dernières décennies.
C’est une grande perte pour nous, pour le système et pour la Nation.
Hedayatullah, 22 ans, habitant de la province de Paktia
Une attaque lâche et des inquiétudes persistantes
Si le nombre d’attentats a globalement diminué depuis le retour des talibans au pouvoir, la menace posée par les jihadistes de l’État islamique au Khorassan (EI-K) reste préoccupante. Ce groupe extrémiste continue de prendre pour cible des responsables talibans, des bâtiments officiels, ainsi que la minorité chiite hazara.
Beaucoup s’interrogent sur la capacité des autorités actuelles à assurer la sécurité du pays et de ses dirigeants face à cette menace persistante. L’assassinat du ministre Khalil Ur-Rahman Haqqani constitue un coup dur et un signal alarmant.
Notre dirigeant, dont la vie a brutalement été ôtée, est tombé en martyr.
Bostan, 53 ans, dénonçant une « attaque lâche »
Une communauté internationale préoccupée
L’attentat et l’assassinat du ministre ont suscité de vives réactions au sein de la communauté internationale. La Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (Manua) a fermement condamné cet acte, soulignant qu’il ne pouvait y avoir « de place pour le terrorisme dans la quête de stabilité ».
De leur côté, l’Union européenne, l’Iran, l’Arabie saoudite, le Qatar et l’Organisation de la coopération islamique ont également exprimé leur indignation face à cette attaque, qualifiée de « lâche » par le porte-parole du gouvernement taliban.
Alors que l’Afghanistan tente de se reconstruire et de retrouver une certaine stabilité après des décennies de conflits, cet assassinat vient rappeler la fragilité de la situation sécuritaire et les défis immenses qui attendent encore le pays sur le chemin de la paix. Les funérailles de Khalil Ur-Rahman Haqqani, dans leur ampleur et leur émotion, témoignent de l’impact profond de cette perte pour la nation afghane.