En Corée du Sud, les manifestations anti-gouvernementales prennent une tournure pour le moins inhabituelle ces derniers jours. Des dizaines de milliers de citoyens sont descendus dans les rues de Séoul ce samedi, réclamant la destitution du président Yoon Suk Yeol. Mais loin des cortèges ordinaires, les protestataires ont fait preuve d’une créativité débordante pour faire entendre leurs revendications.
Quand la K-pop s’invite dans la contestation
Difficile en effet de passer à côté de l’ambiance festive qui règne dans les rues de la capitale sud-coréenne. Sur fond de tubes de K-pop, les manifestants ont transformé les rassemblements en véritables soirées dansantes. Équipés de bâtons lumineux colorés, ils sautent joyeusement au rythme des hits du moment, comme « Whiplash » du girls band aespa, tout en scandant « Destitution, destitution, destitution Yoon Suk Yeol! ».
D’autres chansons emblématiques, comme « Into the New World » de Girls’ Generation, sont aussi détournées par les foules. Cet hymne à l’espoir, déjà adopté lors des manifestations de 2016-2017 contre l’ex-présidente Park Geun-hye, résonne à nouveau dans les rues de Séoul.
Des chants de Noël engagés
Même les classiques de Noël n’échappent pas à la vague contestataire. La chanson « Feliz Navidad » a été réécrite par la chanteuse Baek Ja, devenant virale en quelques jours. « Noël est joyeux quand Yoon Suk Yeol démissionne », entonnent ainsi les manifestants, dans une version très légèrement modifiée.
La nostalgie est aussi mise à contribution. Beaucoup se remémorent avec émotion les exercices physiques matinaux pratiqués dans les écoles dans les années 80 et 90. Sur l’air familier qui rythmait leur jeunesse, les Sud-Coréens exécutent aujourd’hui des mouvements tout en criant « Arrêtez Yoon Suk Yeol! ».
Guillotine de fortune et baguette symbolique
Certains manifestants semblent aussi s’inspirer de l’histoire française. La photo d’un protestataire portant une réplique artisanale de guillotine est devenue virale sur les réseaux sociaux. Un clin d’œil assumé à la Révolution française et à la destitution de Louis XVI.
Un autre a fait sensation en agitant fièrement… une baguette de pain. « Vous n’avez pas nécessairement besoin d’un bâton lumineux ; apportez ce que vous voulez », a-t-il lancé. Un geste salué par de nombreux internautes français : « Les Français sont fiers de toi ! ».
Humour et dérision au rendez-vous
L’humour est plus que jamais de mise dans les cortèges. Pour faciliter les regroupements, les manifestants arborent des drapeaux aux noms loufoques. On croise ainsi la « Flying Spaghetti Monster Federation », « Ceux qui sont venus seuls », la « Société de recherche sur les arômes de pattes de chiots » ou encore le « Club de plantation de fleurs ».
Une communauté de femmes vivant seules a aussi lancé un appel sur les réseaux : « Les femmes qui prévoient de se rendre seules au Parlement samedi, rejoignez-nous ! Cherchez notre drapeau ! ». De quoi encourager la solidarité tout en s’amusant.
En mélangeant joyeusement pop-culture, inventivité et engagement politique, les Sud-Coréens réinventent l’art de manifester. Une façon inédite de bousculer les codes et de faire entendre sa voix, qui pourrait bien inspirer d’autres mouvements de contestation à travers le monde. À quand des airs de K-pop et des baguettes brandies dans les rues de Paris ou Washington ?
