En ce dimanche électoral, les mines sont graves au QG de la France Insoumise. Malgré une campagne énergique axée sur la solidarité avec les Palestiniens de Gaza, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon n’a pas réussi à décrocher ce score à deux chiffres tant espéré aux élections européennes. Avec entre 8% et 9% des voix selon les premières estimations, c’est un goût amer de déception qui prédomine chez les Insoumis.
Un pari audacieux mais risqué
Le choix de placer la cause palestinienne au cœur de la campagne était un pari osé. Comme le souligne une parlementaire écologiste, « le sujet n’avait rien à voir avec l’Union européenne ». Mais Manon Aubry et son équipe étaient persuadés de surfer sur une vague de mobilisation citoyenne mal perçue par les sondeurs et les médias. Hélas, cette stratégie n’a pas porté tous ses fruits.
Les Insoumis auront réussi à faire oublier qu’ils n’ont aucune ligne sur l’Europe.
– Une eurodéputée écologiste
Une progression en demi-teinte
Certes, comparé au score de 6,31% de 2019, LFI progresse. Mais dans un scrutin traditionnellement peu favorable à la gauche radicale, les attentes militantes s’étaient envolées ces derniers jours. Atteindre les 10% devait sonner comme un coup de tonnerre politique, propulsant le mouvement comme principal opposant de gauche à Emmanuel Macron. Las, cette ambition devra attendre.
L’ombre du grand absent
Tout au long de la soirée électorale, un nom revient sur toutes les lèvres : celui de Jean-Luc Mélenchon. Figure tutélaire des Insoumis, son absence de la liste a pu peser. Pour beaucoup, la « magie » de 2017 et des 19,5% à la présidentielle n’opère plus, éclipsée par d’autres influences comme Éric Zemmour. Le tribun semble payer ses ambiguïtés sur la Russie ou ses coup de sang médiatiques.
Des lendemains incertains
Quel avenir pour LFI ? Le résultat du jour sonne comme un coup d’arrêt au cycle d’ascension entamé depuis 2017. Les Insoumis paieront-ils leur manque de culture de gouvernement, à l’image de leur flou européen ? Manon Aubry, réélue de justesse, aura fort à faire pour imposer son leadership. Quant à Jean-Luc Mélenchon, à 72 ans passés, il semble bien seul pour tracer une nouvelle voie.
Le défi de l’unité
Plus que jamais, l’unité des multiples chapelles de gauche sera le maître-mot des mois à venir. De la NUPES reconstituée aux écologistes, en passant par les communistes et les socialistes en déshérence, chacun voudra tirer les leçons de la déception insoumise. L’abstention massive des jeunes et des classes populaires montre aussi l’urgence d’un discours politique incarné et audible. Toute la difficulté sera d’éviter l’écueil des querelles d’égo et de personnes, pour s’attaquer enfin aux enjeux de fond : planète, inégalités, Europe. Bref, un chantier titanesque.
