Selon des sources proches du dossier, une quarantaine d’étrangers, majoritairement originaires du Sri Lanka, ont réussi à fuir un centre d’arnaque en ligne basé en Birmanie où ils étaient exploités. Ils ont trouvé refuge de l’autre côté de la frontière, en Thaïlande. Les autorités thaïlandaises procèdent actuellement à des vérifications pour déterminer s’ils sont victimes de traite d’êtres humains. Le groupe serait composé de 32 Sri Lankais, 5 Népalais, 1 Malaisien et 1 Russe.
D’après nos informations, les survivants auraient traversé la frontière dimanche soir, fuyant la ville birmane de Myawaddy, connue pour être une plaque tournante de la production de drogues et de diverses arnaques en ligne. Cette ville serait sous le contrôle d’une milice proche de la junte militaire au pouvoir en Birmanie depuis le coup d’État de 2021.
Des étrangers piégés et forcés de mener des escroqueries
Les régions frontalières birmanes abritent de nombreux centres qui exploitent des travailleurs étrangers, attirés par de fausses promesses d’emploi alléchantes. Une fois sur place, ils sont contraints par la force de mener des arnaques en ligne, ciblant leurs propres compatriotes. Les escroqueries vont des fraudes aux cryptomonnaies aux arnaques amoureuses sur Internet.
Ce secteur frauduleux prospère dans les zones de non-droit, favorisé par l’instabilité politique et les conflits civils qui secouent la Birmanie depuis le putsch militaire. Selon des analystes, ce business illégal générerait plusieurs milliards de dollars par an.
Des efforts pour éradiquer le fléau
En décembre dernier, le chef de la junte birmane et des représentants de l’armée thaïlandaise se seraient mis d’accord pour collaborer afin d’éradiquer les centres d’arnaque en ligne et de jeux d’argent illégaux à proximité de Myawaddy. Cependant, l’ampleur du phénomène reste préoccupante.
Au moins 120 000 personnes en Birmanie pourraient être contraintes de participer à des arnaques en ligne
– Rapport des Nations unies publié en 2023
De graves violations des droits humains
Le rapport onusien dresse un constat alarmant des abus subis par les victimes de ces centres d’arnaque :
- Torture
- Détention arbitraire
- Violences sexuelles
- Travail forcé
- Autres violations des droits fondamentaux
L’évasion de ces 39 étrangers met en lumière l’horreur vécue par les personnes piégées dans ces centres d’arnaque. Mais combien d’autres victimes restent encore prisonnières de ce système ? Les autorités régionales et la communauté internationale doivent intensifier leurs efforts pour démanteler ces réseaux criminels et protéger les populations vulnérables.
Cette affaire soulève également des questions sur les conditions socio-économiques précaires qui poussent certains à accepter des offres d’emploi douteuses à l’étranger. Il est crucial de s’attaquer aux racines du problème en promouvant le développement et en créant des opportunités décentes dans les pays d’origine des victimes.
L’exploitation des êtres humains à des fins d’escroquerie en ligne est un fléau grandissant qui n’épargne aucune région du monde. Seule une coopération internationale renforcée, alliant répression des criminels et protection des victimes, permettra de venir à bout de cette forme moderne d’esclavage. Il en va de notre responsabilité collective de bâtir un monde plus juste et plus sûr pour tous.
