Samedi, les rues de Tunis ont été le théâtre d’une mobilisation citoyenne d’ampleur. Des centaines de Tunisiens, brandissant drapeaux nationaux et portraits, se sont rassemblés dans le centre-ville aux cris de « Liberté pour Abir » et « Nous sommes des opposants, pas des traîtres! ». Leur revendication commune : obtenir la libération d’Abir Moussi, figure de proue de l’opposition tunisienne.
Abir Moussi, une opposante politique derrière les barreaux
Âgée de 49 ans, Abir Moussi est la dirigeante charismatique du Parti destourien libre (PDL). Ancienne députée, elle est connue pour ses prises de position virulentes à l’encontre du président Kaïs Saied et du parti islamo-conservateur Ennahdha. Mais depuis le 3 octobre 2023, cette voix critique est réduite au silence. Ce jour-là, Mme Moussi a été arrêtée devant le palais présidentiel, où elle venait, selon son parti, déposer des recours contre des décrets présidentiels.
Depuis, la quadragénaire est maintenue en détention. Elle fait l’objet de plusieurs chefs d’accusation, dont celui particulièrement lourd de « tentative ayant pour but de changer la forme de l’État ». Les autorités la soupçonnent en effet de vouloir rétablir un régime similaire à celui de l’ancien dictateur Ben Ali, chassé du pouvoir par la révolution de 2011.
Un an de prison pour avoir critiqué l’instance électorale
Ce n’est pas la première fois qu’Abir Moussi se retrouve dans le viseur de la justice. En novembre dernier, elle a été condamnée à un an et quatre mois de prison dans une autre affaire, pour avoir émis des critiques envers l’instance électorale tunisienne (Isie). Une peine réduite en appel, mais qui témoigne du climat de plus en plus pesant pour les opposants politiques dans le pays.
Le décret 54 sur les « fausses nouvelles » pointé du doigt
Au cœur des préoccupations des manifestants : le très controversé décret 54 sur les « fausses nouvelles ». C’est sur la base de ce texte, à l’interprétation extensive, qu’Abir Moussi est aujourd’hui poursuivie. Mais elle est loin d’être un cas isolé. Depuis septembre 2022, dizaines de personnalités – politiciens, avocats, militants, journalistes – ont été incarcérées en vertu de ce décret liberticide.
Emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l’Isie n’est pas digne d’un pays qui se dit démocratique.
Thameur Saad, dirigeant du PDL
Pour Karim Krifa, membre du comité de défense d’Abir Moussi, ce décret 54 remplit aujourd’hui les geôles tunisiennes de prisonniers d’opinion. Une situation d’autant plus préoccupante que d’autres figures de l’opposition, à l’instar du chef du parti Ennahdha Rached Ghannouchi, se trouvent elles aussi derrière les barreaux.
Recul des droits et libertés depuis le coup de force de Saied
Pour de nombreux observateurs, cette vague d’arrestations et de condamnations de personnalités critiques du pouvoir est symptomatique d’un recul des droits et libertés en Tunisie. Une dynamique enclenchée depuis le coup de force du président Kaïs Saied à l’été 2021, qui a vu ce dernier s’arroger les pleins pouvoirs.
Des ONG tunisiennes et étrangères tirent la sonnette d’alarme sur cette dérive autoritaire. Mais le chef de l’État, réélu en octobre dernier avec plus de 90% des voix lors d’un scrutin marqué par une très faible participation, semble sourd à ces mises en garde. La manifestation de samedi illustre la détermination des Tunisiens à défendre, malgré tout, leurs acquis démocratiques chèrement conquis.
Au cœur des préoccupations des manifestants : le très controversé décret 54 sur les « fausses nouvelles ». C’est sur la base de ce texte, à l’interprétation extensive, qu’Abir Moussi est aujourd’hui poursuivie. Mais elle est loin d’être un cas isolé. Depuis septembre 2022, dizaines de personnalités – politiciens, avocats, militants, journalistes – ont été incarcérées en vertu de ce décret liberticide.
Emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l’Isie n’est pas digne d’un pays qui se dit démocratique.
Thameur Saad, dirigeant du PDL
Pour Karim Krifa, membre du comité de défense d’Abir Moussi, ce décret 54 remplit aujourd’hui les geôles tunisiennes de prisonniers d’opinion. Une situation d’autant plus préoccupante que d’autres figures de l’opposition, à l’instar du chef du parti Ennahdha Rached Ghannouchi, se trouvent elles aussi derrière les barreaux.
Recul des droits et libertés depuis le coup de force de Saied
Pour de nombreux observateurs, cette vague d’arrestations et de condamnations de personnalités critiques du pouvoir est symptomatique d’un recul des droits et libertés en Tunisie. Une dynamique enclenchée depuis le coup de force du président Kaïs Saied à l’été 2021, qui a vu ce dernier s’arroger les pleins pouvoirs.
Des ONG tunisiennes et étrangères tirent la sonnette d’alarme sur cette dérive autoritaire. Mais le chef de l’État, réélu en octobre dernier avec plus de 90% des voix lors d’un scrutin marqué par une très faible participation, semble sourd à ces mises en garde. La manifestation de samedi illustre la détermination des Tunisiens à défendre, malgré tout, leurs acquis démocratiques chèrement conquis.