C’est une découverte qui a choqué les habitants de Marignane ce lundi matin. Plusieurs bâtiments publics de cette commune située aux portes de Marseille, dont la mairie elle-même, ont été tagués dans la nuit de messages à caractère antisémite, de menaces envers le maire, mais aussi de références inquiétantes à la « DZ Mafia », un cartel de la drogue marseillais de plus en plus puissant.
Une enquête ouverte, le maire sous protection
Face à la gravité des faits, le préfet de police des Bouches-du-Rhône a immédiatement ouvert une enquête, confiée au commissariat de Marignane. Dès le matin, il s’est entretenu avec le maire de la ville, Éric Le Dissès, pour lui proposer une protection rapprochée.
Nous prenons ce qui s’est produit avec beaucoup de sérieux. Une attention et une vigilance particulières seront portées par les effectifs.
Une source policière
L’édile, sous le choc, a accepté le dispositif. « Nous avons passé un échelon supplémentaire de gravité dans les attaques envers les maires », a-t-il déclaré, pointant la gravité de menaces de mort proférées à son encontre. Le contenu antisémite des messages interroge d’autant plus que M. Le Dissès n’est pas de confession juive.
Les bâtiments visés
Outre l’hôtel de ville, les tags ont été retrouvés sur plusieurs bâtiments publics :
- Une école
- La maison des associations
- La médiathèque municipale
Les auteurs ont agi vers 3 heures du matin et en nombre, selon les premiers éléments de l’enquête. Parmi les messages retrouvés, plusieurs faisaient référence à la « DZ Mafia », accompagnés de croix gammées et d’insultes à caractère antisémite comme « sale juif ».
Un précédent inquiétant à Marseille
Ce n’est pas la première fois que le nom de ce groupuscule criminel est retrouvé sur des tags. La semaine dernière, c’est une chapelle marseillaise qui avait été vandalisée, là aussi avec l’inscription « DZ Mafia » et des menaces de mort.
Ce cartel, considéré comme l’un des plus actifs dans le trafic de drogue sur Marseille et sa périphérie, est de plus en plus présent dans l’actualité criminelle locale. Ses membres, souvent très jeunes, sont réputés pour leur violence et leur détermination à asseoir leur emprise territoriale par tous les moyens.
Marignane, nouvelle cible des trafiquants ?
Si leur présence est avérée dans certains quartiers difficiles de la cité phocéenne, jamais leur nom n’avait encore été retrouvé dans des villes de la périphérie comme Marignane. Cette commune résidentielle d’ordinaire paisible craint de voir la criminalité liée aux stupéfiants se développer sur son territoire.
« C’est un signal très préoccupant, un palier de franchi dans la violence et l’intimidation » s’inquiète un adjoint au maire. « Nous devrons être extrêmement vigilants dans les semaines et mois à venir. Un travail étroit avec la police nationale et la justice sera nécessaire. »
Une piste antisémite ?
Au delà du spectre mafieux, la piste d’un acte antisémite est aussi envisagée par les enquêteurs même si le mobile reste flou à ce stade. Les références aux juifs et les croix gammées taguées interpellent dans une ville qui ne compte pas de communauté juive significative.
« Le mélange des genres entre trafic de stupéfiants et antisémitisme est très troublant » note un observateur de la vie politique locale. « Il faudra creuser cette piste et déterminer s’il s’agit de l’œuvre de déséquilibrés isolés ou si la mafia a voulu lancer un message particulièrement violent en utilisant la haine antisémite. »
La mairie contre-attaque
De son côté, la municipalité a d’ores et déjà annoncé le dépôt d’une plainte et constitué une cellule de crise pour rassurer les habitants et coordonner le nettoyage des tags. Un conseil municipal exceptionnel pourrait se tenir dans les prochains jours.
« Nous ne laisserons pas la peur s’installer à Marignane » a martelé le maire. « Que ce soit la mafia, des antisémites ou des casseurs, nous réagirons avec la plus grande fermeté. Notre ville est unie et solidaire, elle ne tremblera pas face à ces menaces. »
Les semaines à venir diront si cet acte sans précédent est isolé ou marque le début d’une nouvelle ère d’insécurité pour les communes de la périphérie marseillaise. Une chose est sûre, le spectre de la mafia et de l’antisémitisme n’a jamais été aussi présent aux portes de la cité phocéenne.
