C’était l’ultime confrontation avant que les Français ne se rendent aux urnes dimanche prochain pour les élections européennes. Mardi soir, pendant près de deux heures sur le plateau de France 2, les principales têtes de liste se sont livrées à un débat intense, parfois musclé, tentant de marquer les esprits à quelques jours du scrutin.
Après une entrée en matière où chaque candidat a présenté sa vision de l’Europe en une photo symbole, les échanges ont rapidement pris une tournure conflictuelle, notamment sur la question brûlante de l’immigration. Jordan Bardella (RN) a ainsi interpellé Raphaël Glucksmann (Place Publique) et Valérie Hayer (Renaissance), les accusant de se disputer le titre de « plus immigrationniste des deux ». Une pique qui a suscité l’ire de ses adversaires.
Vives passes d’armes sur l’immigration et l’Ukraine
Le ton est encore monté d’un cran quand Marie Toussaint (EELV) a qualifié le candidat RN de « fasciste », poussant Manon Aubry (LFI) à surenchérir :
Votre parti a été créé par des anciens Waffen SS. Vous êtes un héritier des nazis.
Manon Aubry, tête de liste LFI
L’Insoumise s’est dite « fatiguée de cette démagogie et de cette course à l’échalotte sur les frontières ». Si l’environnement a permis quelques échanges plus apaisés, la guerre en Ukraine a ravivé les tensions, chaque camp défendant sa position sur le soutien à apporter à Kiev face à Moscou.
Un débat crucial pour convaincre les indécis
Malgré une certaine lassitude des téléspectateurs face à la succession de débats similaires ces dernières semaines, ce face-à-face revêtait une importance capitale pour les candidats. L’occasion de se différencier et de tenter de rallier les abstentionnistes et les indécis, qui représentent encore une part significative de l’électorat à quelques jours du vote.
Selon Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop, l’impact direct de ces joutes verbales sur les intentions de vote reste cependant limité :
Il faut mettre à distance l’impact de ces débats. Ils servent surtout pour chaque camp à mobiliser leurs soutiens.
Frédéric Dabi, directeur général Opinion de l’Ifop
Un duel Bardella-Attal en questions
Le débat de mardi soir intervenait aussi après un duel très commenté entre Jordan Bardella et Gabriel Attal il y a deux semaines, qui avait agacé certains candidats comme François-Xavier Bellamy (LR). Si le face-à-face avait dynamisé le président du RN dans les sondages, son absence lors des deux premiers débats télévisés ne semble pas lui avoir porté préjudice.
À l’inverse, certaines prestations ont permis à des « petits » candidats de grappiller quelques points, à l’instar de Léon Deffontaines (PCF) après un échange piquant avec Jordan Bardella sur LCI. Mais globalement, les équilibres n’ont que peu évolué malgré l’exposition médiatique offerte par ces confrontations répétées.
Dernière ligne droite avant le verdict des urnes
Place désormais à la dernière ligne droite de la campagne pour les candidats, qui vont sillonner le terrain jusqu’au bout pour tenter de faire la différence, avant le verdict des urnes dimanche. Dans un contexte de forte abstention annoncée, chaque voix comptera pour faire pencher la balance. Les débats auront eu le mérite d’exposer une dernière fois les lignes de fracture sur le projet européen, même si les attaques personnelles ont souvent pris le pas sur le fond. Réponse dans les urnes le 26 mai.