Les États-Unis ont exécuté jeudi leur 25e et dernier condamné à mort de l’année 2024. Selon une source proche du dossier, Kevin Underwood, 45 ans, a reçu une injection létale dans le pénitencier de l’État d’Oklahoma pour le meurtre atroce d’une fillette de 10 ans en 2006. Une exécution qui vient clore une année marquée par un nouveau déclin de la peine capitale outre-Atlantique.
D’après le rapport annuel d’un observatoire spécialisé, les États-Unis ont exécuté moins de 30 personnes et prononcé moins de 50 condamnations à mort pour la 10e année consécutive en 2024. Une tendance qui révèle de profondes disparités géographiques : 9 États seulement ont procédé à des exécutions, et 4 d’entre eux – Alabama, Texas, Oklahoma et Missouri – ont concentré à eux seuls 76% du total national.
Des méthodes d’exécution controversées
Si l’injection létale reste la méthode la plus répandue, l’Alabama a fait figure d’exception en 2024 avec trois condamnés mis à mort par inhalation d’azote. Une première aux États-Unis, vivement décriée par des experts de l’ONU qui ont comparé ce procédé à une forme de « torture ».
Après plus d’une décennie d’interruption liée à des difficultés d’approvisionnement en substances létales, la Caroline du Sud, l’Utah et l’Indiana ont eux aussi renoué avec les exécutions en 2024. Les laboratoires pharmaceutiques rechignent en effet à fournir ces produits, soucieux de ne pas être associés à la peine de mort.
L’ombre de l’ère Trump
Si les États fédéraux n’ont procédé à aucune exécution en 2024, le spectre des 13 condamnés mis à mort dans les derniers mois de la présidence Trump continue de planer. Après 17 ans de pause, ces exécutions express avaient suscité l’indignation, certaines ayant même eu lieu après la défaite électorale du Républicain en novembre 2020.
Avec le retour annoncé de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier 2025, la pression s’accentue sur le président démocrate sortant Joe Biden pour qu’il commue les peines des 40 condamnés actuellement dans les couloirs de la mort fédéraux. Une course contre la montre incertaine.
L’opinion publique américaine de plus en plus critique
Bien qu’une courte majorité d’Américains (53%) reste favorable à la peine de mort selon de récents sondages, il s’agit d’un plus bas historique. Le fossé se creuse entre les générations, et pour la première fois, une majorité relative estime désormais que la peine capitale n’est pas appliquée équitablement dans le pays.
Déjà abolie dans 23 États sur 50, la peine de mort fait aussi l’objet d’un moratoire sur décision du gouverneur dans six autres (Arizona, Californie, Ohio, Oregon, Pennsylvanie et Tennessee). Mais le chemin vers une abolition totale s’annonce encore long et semé d’embûches, au regard des profondes fractures qui divisent la société américaine sur ce sujet sensible.
Cette ultime exécution de 2024 illustre la lente agonie de la peine capitale aux États-Unis, entre déclin constant et soubresauts régressifs. Un symbole fort des contradictions d’une nation profondément divisée.