Un scandale politique secoue actuellement la République Centrafricaine. Dominique Yandocka, député de l’opposition et figure du parti Initiative pour la Transformation par l’Action, a été condamné jeudi à un an de prison ferme pour « complot » par la cour d’appel de Bangui. Une décision choquante, car le parlementaire bénéficiait pourtant de l’immunité parlementaire censée le protéger.
Une Condamnation Controversée Malgré l’Immunité
Selon une source proche du dossier, Dominique Yandocka a échappé de peu à une peine encore plus lourde. En effet, il était également accusé d’ « atteinte à la sûreté de l’État », un chef d’accusation passible des travaux forcés à perpétuité. Mais le plus troublant reste que cette condamnation ait pu avoir lieu malgré l’immunité parlementaire du député.
Arrêté en décembre dernier à son domicile, Dominique Yandocka a passé près d’un an en détention préventive. Il était soupçonné de fomenter un coup d’État contre le régime en place. Des accusations graves, mais que ses avocats contestent avec force :
La défense est déçue parce que les faits reprochés à notre client ne sont pas constitués, il n’y a pas eu de complot.
Me Albert Panda, avocat de Dominique Yandocka
Un An de Prison Déjà Purgé ?
Bien que déçue par le verdict, la défense entend tout de même se pourvoir en cassation pour que « le droit soit dit ». Elle estime par ailleurs que cette condamnation à un an devrait permettre une libération rapide de Dominique Yandocka, ce dernier ayant déjà passé environ un an en détention préventive.
Un ordre de remise en liberté immédiate a d’ailleurs été émis dans la soirée par le procureur général Jacques Ouakara, sans que l’on sache encore s’il a été exécuté à l’heure actuelle.
La Répression des Voix Dissonantes Pointée du Doigt
Ce procès intervient dans un contexte politique tendu en Centrafrique. De nombreuses organisations de défense des droits humains dénoncent la répression systématique des opposants politiques par le régime du président Faustin-Archange Touadéra. Human Rights Watch évoque notamment de « graves préoccupations » quant aux risques de violations des droits humains et de réduction de l’espace démocratique.
Un autre député de l’opposition, Crépin Mboli-Goumba, avait déjà été condamné en mars dernier à un an de prison avec sursis pour diffamation et outrage à magistrats. Des condamnations inquiétantes dans un pays où toute voix dissonante semble muselée.
Touadéra Contesté Mais Renforcé
Le président Touadéra, élu en 2016 en pleine guerre civile et réélu en 2020 dans des conditions contestées, a fait modifier la Constitution en juillet 2023 par référendum pour s’autoriser à briguer un troisième mandat en 2025. Une manœuvre vivement dénoncée par l’opposition qui avait boycotté le scrutin.
Mais le régime de Touadéra semble pour l’heure en position de force, notamment grâce à l’appui de la Russie. L’armée centrafricaine a en effet réussi à repousser les groupes rebelles qui contrôlaient une grande partie du territoire, avec l’intervention massive de mercenaires russes du groupe Wagner.
La condamnation de Dominique Yandocka apparaît donc comme un nouveau coup porté à une opposition déjà fragilisée. Reste à savoir si la justice permettra in fine au député de retrouver rapidement la liberté et son siège à l’Assemblée nationale. Au-delà de ce cas individuel, c’est tout l’avenir démocratique de la Centrafrique qui semble en jeu.