C’est une décision qui fait grand bruit dans le milieu de la culture. Le ministère a choisi de ne pas renouveler le mandat d’Agnès Saal, haute fonctionnaire à l’égalité, à la diversité et à la prévention des discriminations, en poste depuis 2018. Une nouvelle qui suscite de vives interrogations parmi les professionnels du secteur, à quelques semaines d’échéances politiques majeures.
La fin de mandat d’Agnès Saal, un “signal inquiétant” ?
C’est par un simple article, publié le 24 juin, que la nouvelle a été rendue publique. Agnès Saal, énarque respectée et engagée depuis de nombreuses années sur les questions d’égalité et de diversité dans le secteur culturel, ne verra pas son mandat renouvelé par le ministère de la Culture. Une décision brutale qui soulève de nombreuses questions.
Pour beaucoup d’acteurs du milieu, impossible de ne pas faire le lien avec le contexte politique actuel. À quelques jours d’un potentiel basculement de l’Assemblée nationale, la crainte de voir les politiques culturelles drastiquement modifiées est dans tous les esprits. Le départ d’Agnès Saal serait-il un premier signe de ce changement redouté ?
Pour ses proches, il ne fait pas de doute que cette décision est liée à la possible arrivée au pouvoir du RN le 7 juillet.
Le Monde
Agnès Saal, une figure engagée pour l’égalité dans la culture
Nommée en 2018 à ce poste clé du ministère, Agnès Saal avait pour mission de faire progresser l’égalité et la représentation de la diversité dans l’ensemble du champ culturel. Un défi de taille qu’elle a relevé avec conviction pendant 5 ans, en impulsant de nombreux chantiers et réflexions.
Parmi ses réalisations marquantes, on peut citer :
- Le lancement d’un plan d’action ambitieux en faveur de l’égalité femmes-hommes
- Un travail de fond sur l’accessibilité de la culture aux personnes en situation de handicap
- De nombreuses initiatives pour favoriser la diversité sociale et culturelle
Un bilan salué par beaucoup, qui rend d’autant plus surprenant et brutal ce départ anticipé. Le ministère a refusé de commenter cette décision, laissant le champ libre aux spéculations.
Vers un changement de cap des politiques culturelles ?
Au-delà du cas personnel d’Agnès Saal, c’est bien l’avenir des politiques culturelles dans leur ensemble qui inquiète le secteur. Les prises de position passées du Rassemblement national sur les questions de genre, d’immigration ou de multiculturalisme laissent craindre un virage idéologique majeur en cas de victoire aux législatives.
Le parti s’est régulièrement montré hostile aux projets artistiques liés au genre, à l’immigration et plus généralement au multiculturalisme.
Le Monde
Dans ce contexte, beaucoup voient dans l’éviction d’Agnès Saal un premier pas, une forme de concession ou d’anticipation d’un basculement politique. Une lecture que réfutent certains observateurs, pour qui cette décision relèverait davantage de considérations internes propres au ministère.
Le monde de la culture retient son souffle
Quoi qu’il en soit, l’inquiétude est palpable parmi les professionnels de la culture. Déjà fragilisé par des années de crises et de sous-financement chronique, le secteur redoute de voir ses moyens et ses marges de manœuvre encore réduits. Plus encore, c’est la liberté de création et d’expression artistique qui pourrait être menacée en cas de reprise en main idéologique.
Dans ce climat d’incertitude, le départ d’Agnès Saal apparaît comme un signal d’alarme. Celui d’une politique culturelle qui pourrait être sur le point de changer radicalement de visage, au détriment de la diversité et du pluralisme qui font la richesse de la création française. Les prochaines semaines seront décisives pour l’avenir d’un secteur plus que jamais sous tension.
