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Démocratie participative à Nantes : un enthousiasme en berne ?

À Nantes, le nouveau droit d'interpellation citoyen devait bouleverser la démocratie locale. Pourtant, l'enthousiasme n'est pas au rendez-vous. Quelles leçons en tirer pour l'avenir de la participation citoyenne ?

En décembre dernier, la ville de Nantes lançait en grande pompe son droit d’interpellation citoyenne, destiné à «revitaliser la démocratie locale». L’idée était alléchante : permettre aux Nantais de soumettre leurs questions au conseil municipal, offrant ainsi une nouvelle tribune d’expression démocratique. Pourtant, six mois plus tard, force est de constater que l’enthousiasme n’est pas au rendez-vous.

Un dispositif démocratique innovant, mais peu mobilisateur

Concrètement, le droit d’interpellation nantais s’articule en plusieurs étapes. Du 1er au 29 février, les citoyens étaient invités à déposer leurs questions sur une plateforme en ligne dédiée. Parmi les 24 interpellations soumises, 19 ont été jugées recevables. Elles ont ensuite été soumises au vote des habitants pendant un mois. Mais c’est là que le bât blesse : seuls 963 Nantais se sont prêtés au jeu, soit à peine 0,32% de la population.

Le seuil initialement fixé à 300 votes pour qu’une question soit présentée au conseil municipal n’a été franchi que d’extrême justesse par la proposition arrivée en tête. Avec 295 soutiens exactement, la question sur l’accès des chiens de plus de 6kg aux transports en commun se retrouve propulsée sous les feux des projecteurs, bien loin devant les 258 voix de la deuxième proposition.

Une machinerie démocratique bien huilée, mais à la portée limitée

Il faut reconnaître à la municipalité nantaise le mérite d’avoir mis en place un processus participatif bien rodé. Annoncé en décembre, le dispositif s’est déployé comme prévu en février, avant d’aboutir en juin prochain au conseil municipal, où la fameuse question canine sera officiellement posée. Un timing sans accroc, mais pour quel résultat ?

Nous aviserons avec les services municipaux s’il est possible de déployer ce dispositif deux fois par an

– Bassem Asseh, premier adjoint à la ville de Nantes

Malgré la faible participation, la mairie ne compte pas en rester là. L’adjoint Bassem Asseh évoque déjà la possibilité de reconduire l’expérience deux fois par an, en allongeant notamment la durée de collecte des soutiens. Reste à savoir si cela suffira à réellement mobiliser les Nantais autour de cet outil démocratique.

Au-delà du gadget, un vrai défi pour raviver la participation citoyenne

Lors de sa réélection en 2020, la maire Johanna Rolland avait érigé la «revitalisation démocratique» en priorité de son mandat. Outre le droit d’interpellation, d’autres initiatives comme les budgets participatifs ou les rencontres de quartier s’inscrivent dans cette dynamique. Mais force est de constater que la mayonnaise démocratique peine à prendre.

Au-delà du symbole, ces dispositifs interrogent : comment réussir à remobiliser des citoyens de plus en plus éloignés de la chose publique ? Quelle place donner à la parole citoyenne dans la fabrique des politiques locales ? Des questions cruciales à l’heure où la crise de la représentation s’accélère.

Le droit d’interpellation nantais n’apporte pas de réponse miracle. Mais il a le mérite d’ouvrir le débat sur les contours d’une démocratie locale plus vivante et plus inclusive. Un chantier de longue haleine qui ne fait que commencer, à Nantes comme ailleurs. Le chemin sera long pour passer du gadget au sursaut démocratique.

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