Le paysage politique croate vient d’être secoué par un nouveau scandale retentissant. Josip Dabro, vice-Premier ministre et ministre de l’Agriculture, des Forêts et de la Pêche, a présenté sa démission ce samedi 18 janvier 2025 après la diffusion d’une vidéo compromettante le montrant en train de tirer à l’aveugle avec un pistolet depuis une voiture en mouvement.
Cette affaire embarrassante vient bousculer une fois de plus le cabinet du Premier ministre conservateur Andrej Plenkovic, déjà fragilisé par le limogeage en novembre dernier du ministre de la Santé Vili Bros, visé par une enquête pour corruption. Un coup dur supplémentaire pour ce gouvernement de coalition formé en mai 2024 avec le parti nationaliste Mouvement patriotique, dont Josip Dabro est l’un des cadres.
Une vidéo explosive et des excuses tardives
Les images, diffusées par le quotidien Jutarnji List, sont pour le moins choquantes. On y voit le vice-Premier ministre, 42 ans, assis côté passager d’un véhicule en marche, en train de décharger son arme dans la nuit parsemée au loin de lumières, semblant être une zone résidentielle. Ambiance musicale assourdissante, il range ensuite le pistolet dans la boîte à gants avant de se tourner vers la caméra pour saluer son « frère Mario ».
Face au tollé, Josip Dabro s’est d’abord fendu d’excuses tardives vendredi soir, affirmant selon l’agence Hina qu’il ne s’agissait que de balles d’entraînement et que la vidéo datait d’il y a plusieurs années, sans doute en période estivale d’après les images. Des justifications bien maigres pour un comportement jugé « inapproprié et irresponsable » par le gouvernement.
Dabro acculé à la démission
Devant l’ampleur de la polémique, celui qui occupait aussi les fonctions de ministre de l’Agriculture n’a eu d’autre choix que de rendre son tablier. « Je présente par cette voie une démission irrévocable », a-t-il écrit sur sa page Facebook, conscient que cette affaire créait « un fardeau supplémentaire pour le gouvernement et [son] parti ». Une décision inéluctable selon de nombreux observateurs tant son attitude apparaissait intenable et risquait de détourner l’attention des priorités de l’exécutif.
L’ex-vice-Premier ministre, déterminé à mener des « changements » dans son ministère pour plus de « transparence », affirme avoir été exposé à des « pressions importantes et des menaces ». Un climat visiblement tendu au sein de la coalition gouvernementale, le Mouvement patriotique se démarquant par un discours nationaliste, anti-immigration, anti-LGBT et prônant l’interdiction de l’avortement.
Un cabinet Plenkovic fragilisé
Cette démission fracassante constitue indéniablement un nouveau coup dur pour le Premier ministre Andrej Plenkovic. Son cabinet, formé dans la douleur après les législatives de 2024, se retrouve une fois encore ébranlé par les frasques de l’un de ses ministres, quelques mois seulement après le départ forcé du ministre de la Santé.
Si le HDZ, le parti du chef du gouvernement, domine la vie politique croate depuis 2016, cette succession de scandales risque de compliquer la tâche de l’exécutif. Entre les pressions de son encombrant partenaire de coalition et une opposition qui ne manquera pas d’exploiter ces affaires, Andrej Plenkovic va devoir redoubler d’efforts pour maintenir le cap et mener à bien son programme de réformes.
Quelle suite pour le gouvernement ?
La question est désormais de savoir qui succédera à Josip Dabro au poste stratégique de vice-Premier ministre et à la tête du ministère de l’Agriculture. Un choix délicat pour Andrej Plenkovic, qui devra ménager les équilibres au sein de sa coalition tout en nommant une personnalité irréprochable pour restaurer la confiance.
Plus globalement, c’est la solidité même du gouvernement qui est en jeu. Entre partenaires aux visions divergentes et accumulation des affaires, la marge de manœuvre du Premier ministre apparaît de plus en plus réduite. L’opposition, qui dénonce un « naufrage » de l’exécutif, réclame de nouvelles élections anticipées. Un scénario pour l’heure écarté par Andrej Plenkovic, bien décidé à poursuivre son action malgré les turbulences.
Une chose est sûre : après ce nouveau séisme politique, tous les regards seront braqués sur les prochains mouvements du chef du gouvernement. Sa capacité à rebondir et à maintenir la cohésion de son équipe sera déterminante pour l’avenir du pays. Car au-delà des renversements de ministres, c’est la stabilité même des institutions croates qui semble en jeu.
