C’est une véritable bombe qui vient de secouer l’establishment sécuritaire israélien. Dans une lettre publiée ce mardi, le général Herzi Halevi, chef d’état-major de l’armée, a annoncé sa démission avec effet au 6 mars 2025. Un départ fracassant qu’il explique par « l’échec du 7 octobre », en référence à l’attaque sans précédent menée par le Hamas en Israël il y a près d’un an et demi.
Un « fiasco » militaire et sécuritaire
Dans sa missive, le général Halevi assume l’entière « responsabilité » de ce qu’il qualifie de « fiasco », pointant notamment du doigt les failles dans le renseignement et la réactivité de Tsahal face à cette offensive d’une ampleur inédite. Le 7 octobre 2023, des commandos du Hamas avaient en effet réussi à s’infiltrer en Israël depuis la bande de Gaza, semant la terreur dans plusieurs villes du sud du pays.
Bilan de cette journée noire : 23 civils israéliens tués, dont 5 enfants, et plus de 150 blessés. Un traumatisme national qui avait provoqué une vague d’indignation contre l’incapacité de l’armée à anticiper et contrer une telle attaque, malgré les avertissements.
Une armée sous pression
Depuis cet électrochoc, Tsahal est sur le qui-vive, multipliant les opérations de représailles dans la bande de Gaza mais aussi en Cisjordanie. Une stratégie du coup pour coup qui n’a pas empêché la multiplication des tirs de roquettes et les infiltrations de commandos palestiniens, faisant planer le spectre d’un embrasement généralisé.
Face aux critiques, le général Halevi avait jusqu’ici toujours affiché sa détermination à « vaincre le terrorisme », martelant que l’armée avait « tiré les leçons » du 7 octobre. Sa démission apparaît donc comme un aveu d’échec, voire une forme de mea culpa.
Le Hamas crie victoire
Comme on pouvait s’y attendre, le départ du chef d’état-major a été accueilli avec des cris de joie dans la bande de Gaza. Le Hamas a salué « une grande victoire » et « la preuve que la résistance finit toujours par l’emporter ». Un triomphalisme qui fait craindre un regain des tensions, voire de nouvelles attaques d’envergure.
« Le général Halevi jette l’éponge car il sait que d’autres 7 octobre sont inévitables. La prochaine fois, nous frapperons encore plus fort et plus loin. »
– Un haut responsable du Hamas sous couvert d’anonymat
Un camouflet pour le gouvernement Netanyahou
En Israël, cette démission surprise place le gouvernement de Benjamin Netanyahou dans une position délicate. Revenu aux affaires fin 2022 sur un agenda sécuritaire musclé, « Bibi » se retrouve confronté à une dégradation sécuritaire inédite, sur fond de blocage total du processus de paix.
Selon des sources proches de la coalition, le Premier ministre aurait tenté jusqu’au bout de dissuader le général Halevi de partir, craignant l’impression d’un « abandon de poste » en pleine crise. Il doit désormais lui trouver un successeur en urgence, un choix crucial qui sera scruté de près.
« C’est un vrai coup dur pour Netanyahou. Il perd son chef militaire en pleine escalade et doit gérer une opinion traumatisée. La pression est énorme. »
– Un député de la majorité s’exprimant anonymement
Vers une nouvelle donne sécuritaire ?
Au-delà de la séquence politique, la démission du général Halevi pose la question d’une révision en profondeur de la stratégie sécuritaire israélienne. Selon de nombreux experts, Tsahal doit repenser son approche du conflit avec les Palestiniens, en particulier dans la bande de Gaza.
- Renforcer le renseignement humain pour mieux anticiper les attaques
- Accentuer la pression militaire sur le Hamas et le Jihad islamique
- Développer une réponse plus agile et décentralisée aux infiltrations
- Revoir le maillage sécuritaire autour de la bande de Gaza
Autant de pistes qui nécessiteront des moyens accrus et une volonté politique au plus haut niveau. Un défi majeur pour le prochain chef d’état-major, qui devra restaurer la confiance de l’armée et de la population après le choc du 7 octobre. La tâche s’annonce ardue tant cette attaque a révélé les vulnérabilités d’Israël face à un ennemi déterminé à « exporter la terreur ».
Une seule certitude : le dossier palestinien s’impose plus que jamais comme la clé de la sécurité et de la stabilité d’Israël. Reste à savoir si le gouvernement Netanyahou est prêt à renouer le fil du dialogue avec des partenaires palestiniens eux-mêmes sous pression de leur base radicale. Un dialogue de sourds qui fait le jeu des extrêmes, comme l’a tragiquement rappelé le « fiasco du 7 octobre ».