C’est une décision qui a pris tout le monde de court. Mercredi dernier, en fin de conseil métropolitain, Christian Estrosi, le maire de Nice et président de la métropole, a annoncé sa démission à la surprise générale. Une manœuvre politique qui n’a laissé personne indifférent et qui risque bien d’attiser les tensions au sein de la classe politique locale.
Une démission stratégique pour mieux rebondir
Mais pourquoi une telle décision ? Officiellement, Christian Estrosi justifie sa démission par sa volonté de ne pas « présider un exécutif où figurent des élus d’extrême droite ou de gauche, ou leurs soutiens ». Une ligne rouge qu’il ne veut pas franchir. Mais officieusement, il s’agirait surtout d’une manœuvre politique pour faire le ménage parmi ses opposants et resserrer son emprise sur la métropole niçoise.
Car quelques minutes à peine après l’annonce de sa démission, Christian Estrosi a déclaré sa candidature à sa propre succession. Un tour de passe-passe juridique qui lui permet de recomposer son exécutif en écartant les élus jugés trop proches de son rival Eric Ciotti ou trop critiques à son égard. Une reprise en main musclée qui risque de laisser des traces.
La colère gronde chez les élus évincés
Du côté des élus concernés, c’est l’incompréhension et la colère qui dominent. Beaucoup dénoncent un « passage en force » et un « déni de démocratie ». « On n’a plus le droit de bouger un orteil », s’agace un conseiller métropolitain sous couvert d’anonymat. D’autres parlent d’une « purge » ou d’un « règlement de comptes » de la part d’un « baron local » obnubilé par son propre pouvoir.
C’est une honte pour la démocratie locale. On ne peut pas jouer avec les institutions comme ça, au gré de ses intérêts personnels.
Un élu métropolitain évincé
Estrosi assume sa « clarification »
Mais Christian Estrosi assume pleinement son choix, qu’il présente comme une « clarification » nécessaire et salutaire pour la stabilité de l’institution métropolitaine. Selon lui, il était devenu impossible de travailler sereinement avec des élus frondeurs qui passaient leur temps à « critiquer » et « saboter » son action.
- Fin de la « complaisance » envers les élus critiques
- Volonté de bâtir une majorité « cohérente et efficace »
- Priorité donnée à « l’intérêt général » des habitants
Reste à savoir si cette stratégie du fait accompli permettra à Christian Estrosi de renforcer réellement son leadership local. Car en jouant ainsi avec le feu des divisions politiques, le maire de Nice prend le risque de fracturer durablement le conseil métropolitain. Et de voir ses opposants se radicaliser en retour.
Une nouvelle étape dans la guerre Estrosi-Ciotti
Cette séquence politique à couteaux tirés est aussi révélatrice des profondes rivalités qui minent la droite azuréenne, en particulier entre les deux poids lourds locaux que sont Christian Estrosi et Eric Ciotti. Depuis plusieurs années, les deux hommes se livrent une guerre de tranchées par lieutenants interposés pour le contrôle de la métropole et du département.
En « purgeant » une partie des soutiens de Ciotti au sein du conseil métropolitain, Estrosi entend bien reprendre la main et couper l’herbe sous le pied de son meilleur ennemi. Quitte à jeter de l’huile sur le feu et attiser les braises de la division. Un pari risqué à l’heure où la droite locale a plus que jamais besoin d’unité et de rassemblement face à la poussée des extrêmes. Les semaines à venir s’annoncent électriques sur la Côte d’Azur.