Un vaste réseau international d’escroquerie en cryptomonnaies vient d’être démantelé en Thaïlande suite à une enquête d’envergure menée par le Bureau central d’investigation (CIB) du pays. Les autorités soupçonnent ce groupe criminel d’avoir soutiré l’équivalent de 187 millions de dollars à de nombreuses victimes via de fausses offres d’emploi en ligne et des promesses d’investissements très rentables.
Une cyber-arnaque sophistiquée à l’échelle mondiale
Selon des sources proches de l’enquête, les malfaiteurs auraient mis en place un stratagème bien rodé pour appâter leurs cibles. Tout commençait par de fausses offres d’emploi sur internet, servant d’hameçon pour attirer les victimes dans un piège machiavélique :
Les suspects convainquaient les personnes de réaliser un gros investissement initial en cryptomonnaies, avec la promesse alléchante de retours sur investissement de 30 à 50%. Une fois l’argent versé, les victimes ne revoyaient jamais la couleur de leurs fonds.
Un enquêteur souhaitant garder l’anonymat
Cette escroquerie à grande échelle aurait ainsi permis à ce réseau criminel de soutirer l’équivalent de 187 millions de dollars à un grand nombre de victimes à travers le monde, en exploitant l’engouement actuel pour les cryptomonnaies et les investissements spéculatifs sur ces actifs numériques.
Un coup de filet international
Face à l’ampleur de cette fraude, les autorités thaïlandaises ont lancé une vaste opération pour démanteler ce réseau tentaculaire. Après des mois d’enquête, la police a procédé à l’arrestation de 10 personnes, dont des ressortissants chinois, soupçonnées d’être les cerveaux de cette arnaque virtuelle.
Les suspects ont été interpellés pour des chefs d’accusation multiples, allant de la fraude et cyberfraude à la complicité de blanchiment d’argent. 22 autres individus, de diverses nationalités, sont encore recherchés dans le cadre de cette affaire.
La piste des « centres d’escroquerie » transfrontaliers
L’enquête a révélé que ces escrocs 2.0 opéraient depuis des centres situés dans des zones frontalières du Cambodge et de Birmanie, profitant du chaos lié aux conflits dans ces régions. D’après un enquêteur, ces « centres d’escroquerie » emploieraient de force des étrangers, souvent des victimes d’enlèvement, pour arnaquer leurs compatriotes :
Le personnel de ces centres est composé d’étrangers, dont de nombreux Chinois, contraints au travail forcé pour escroquer leurs compatriotes dans un business très lucratif qui se chiffre en milliards de dollars.
Un responsable du CIB
Pour tenter d’endiguer ce fléau, le gouvernement thaïlandais a récemment coupé l’approvisionnement en électricité de plusieurs localités birmanes soupçonnées d’abriter ces centres d’escroquerie. Une mesure forte qui illustre la détermination des autorités à lutter contre ces réseaux criminels transnationaux.
Saisie de biens luxueux et blanchiment d’argent
Lors des perquisitions, la police a mis la main sur de l’argent liquide, des montres de luxe et des voitures haut de gamme, témoins du train de vie fastueux que s’offraient les têtes pensantes de ce réseau. Une partie des cryptomonnaies dérobées, soit environ 93 millions de dollars, a été convertie en monnaie locale avant d’être réinvestie dans l’immobilier, vraisemblablement pour blanchir les fonds.
Une femme, ancienne guide touristique, est soupçonnée d’avoir joué un rôle clé dans ces opérations de blanchiment d’argent en convertissant les cryptomonnaies en bahts thaïlandais pour le compte d’un « syndicat chinois », contre une commission.
Suite à ce coup de filet retentissant, la police thaïlandaise a réaffirmé son engagement à intensifier la lutte contre les escroqueries transnationales qui ternissent la réputation du pays. Un signal fort envoyé aux cybercriminels qui pensaient pouvoir agir en toute impunité depuis leurs repaires virtuels.
Ce démantèlement met en lumière l’ampleur inquiétante qu’ont pris les arnaques en cryptomonnaies à l’échelle mondiale. Derrière leurs promesses de gains faciles et rapides, ces escroqueries 2.0 brisent des vies et portent un coup à la crédibilité de l’écosystème des cryptomonnaies. Il est urgent que les États et les acteurs de ce secteur unissent leurs forces pour endiguer cette criminalité virtuelle, avant qu’elle ne détruise la confiance dans ces technologies d’avenir.