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Démantèlement d’un trafic de crack à Montreuil : 8 interpellations

Un coup dur porté aux trafiquants de crack en Seine-Saint-Denis. Après l'éviction des dealers à l'approche des JO, le trafic s'était réorganisé dans un foyer de travailleurs migrants à Montreuil. Mais les policiers veillaient et ont démantelé le réseau, interpellant 8 personnes et saisissant d'importantes quantités de drogue et d'argent liquide. Les riverains excédés peuvent souffler, mais pour combien de temps ?

C’est un coup de filet d’envergure qui a été mené ce mardi matin dans un foyer de travailleurs migrants du quartier de la Croix-de-Chavaux, à Montreuil, en Seine-Saint-Denis. Au terme d’une opération baptisée “Place Nette”, huit personnes ont été interpellées et placées en garde à vue, suspectées d’avoir pris part à un trafic “endémique” de crack qui gangrénait la vie des résidents et des riverains.

33 962 euros en liquide saisis

Outre les arrestations, les enquêteurs ont mis la main sur un butin conséquent au cours des perquisitions menées simultanément dans le foyer Rochebrune de Montreuil, mais aussi dans un autre foyer à Romainville et un appartement à Maisons-Alfort, dans le Val-de-Marne. Au total, 2 kg d’herbe et 1 kg de résine de cannabis, près de 800 g de cocaïne, quelques grammes de crack et des pipes à crack ont été saisis, ainsi que la coquette somme de 33 962 euros en espèces, provenant du fruit du trafic.

Si certains des individus interpellés logeaient bien dans ces foyers, d’autres avaient un rôle plus “logistique”, acheminant la drogue vers les points de deal ou “cuisinant” le crack à partir de la cocaïne. Tous sont désormais soupçonnés d’avoir pris une part active à ce trafic juteux qui s’était réorganisé ces derniers mois.

Le trafic déplacé après l’éviction des dealers à l’approche des JO

Cette opération coup de poing intervient en effet dans le sillage de celles menées l’an dernier aux abords de la Porte de la Chapelle, dans le nord de Paris. À l’approche des Jeux Olympiques, les autorités avaient voulu “nettoyer” ce haut lieu du trafic de crack de la capitale, procédant à l’éviction musclée des centaines de toxicomanes et dealers qui y avaient élu domicile.

Mais loin de mettre un terme au fléau, cette stratégie n’avait fait que déplacer le problème, les trafiquants reprenant leurs activités dans d’autres quartiers de la petite couronne et investissant notamment des foyers de travailleurs migrants. C’est ce qui s’est passé au foyer Rochebrune de Montreuil, devenu malgré lui une plaque tournante de la revente de crack avec son lot de nuisances pour les habitants.

Riverains et résidents excédés par les nuisances

Cambriolages, dégradations de véhicules, bagarres, cris en pleine nuit… Les riverains vivaient un enfer depuis des mois, constatant impuissants la métamorphose de leur quartier en zone de non-droit. Quant aux résidents du foyer, ils ne supportaient plus de voir leur lieu de vie ainsi pris en otage par les trafiquants, au mépris de leur tranquillité et de leur sécurité. Beaucoup n’osaient plus sortir par crainte des dealers.

On ne vivait plus. Sortir de chez soi était devenu dangereux, on se faisait alpaguer pour acheter de la drogue. Le soir, des ” clients” défoncés erraient dans les couloirs. C’était invivable.

Témoignage d’un résident du foyer sous couvert d’anonymat

Face à cette situation intenable, riverains et résidents avaient fini par unir leurs voix pour interpeller la mairie et les pouvoirs publics, multipliant les signalements et les appels à l’aide. Un ras-le-bol qui a fini par être entendu, avec la mise en place d’une surveillance policière renforcée ces dernières semaines ayant permis de démanteler le point de deal.

Une enquête au long cours

Car le coup de filet de ce mardi est en réalité l’aboutissement de plusieurs mois d’enquête minutieuse sous l’égide de la brigade des stupéfiants de la police judiciaire de Seine-Saint-Denis. Surveillance physique, écoutes téléphoniques, filatures… Les limiers ont patiemment remonté les maillons de la chaîne pour identifier les têtes du réseau.

Les perquisitions, réalisées avec l’appui de la BRI (Brigade de recherche et d’intervention) et de la CSI 93 (Compagnie de sécurisation et d’intervention), ont mobilisé plus d’une centaine de fonctionnaires. Huit d’entre eux ont été légèrement blessés par des jets de projectiles.

Les habitants soulagés mais vigilants

Si ce démantèlement est une excellente nouvelle pour les habitants du quartier, beaucoup restent prudents et s’interrogent sur la pérennité de cette accalmie. Car le trafic de crack, extrêmement lucratif, a souvent tendance à se reconstituer ailleurs après un coup de filet.

C’est un ouf de soulagement de voir que les dealers ont été arrêtés. Depuis des années qu’on tirait la sonnette d’alarme ! Maintenant, il va falloir rester vigilants. On a trop peur qu’ils reviennent s’installer ici ou ailleurs.

Marcel, riverain et membre d’un collectif anti-crack

En attendant, élus locaux et associations de riverains comptent bien profiter de cette embellie pour réinvestir l’espace public et créer une nouvelle dynamique dans ce quartier très éprouvé. Des médiateurs doivent aussi être déployés aux abords du foyer pour prévenir le retour des dealers. La bataille est gagnée, pas encore la guerre.

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