Les services de renseignement de plusieurs pays ont récemment collaboré pour démanteler un important réseau de l’organisation terroriste État islamique, implanté en Côte d’Ivoire et à Madagascar. Cette opération d’envergure met en lumière le fait que malgré la chute de leur « califat » autoproclamé en Syrie et en Irak en 2019, des membres de ce groupe djihadiste cherchent toujours à s’établir dans d’autres régions du monde, notamment en Afrique, dans le but de rallier clandestinement l’Europe.
Un coup de filet minutieusement préparé
D’après des sources proches du dossier, ce coup de filet est l’aboutissement de longs mois de surveillance et de coopération entre les services de renseignement de différents États. L’opération a visé simultanément plusieurs cellules terroristes installées en Côte d’Ivoire et à Madagascar.
Les membres de ce réseau, pour la plupart originaires de Syrie et d’Irak, étaient entrés sur le territoire africain en se faisant passer pour des migrants. Leur objectif était d’établir des bases arrière afin d’organiser l’acheminement clandestin de djihadistes vers le continent européen.
Nous avons agi avant que ce réseau ne puisse mettre ses projets à exécution. C’est un coup dur porté à l’organisation terroriste.
Un responsable antiterroriste sous couvert d’anonymat.
La menace des « cellules dormantes »
Si la perte de son « califat » territorial a sérieusement affaibli l’État islamique, l’organisation n’a pas pour autant renoncé à son idéologie mortifère ni à ses ambitions d’expansion mondiale. Ses cadres ont anticipé la chute de leurs bastions syriens et irakiens en dispersant à travers le monde de nombreux combattants aguerris, chargés d’établir des « cellules dormantes » prêtes à passer à l’action.
L’Afrique, et notamment sa façade occidentale, apparaît désormais comme une zone d’implantation privilégiée pour les djihadistes, qui cherchent à profiter de l’instabilité de certains États et de la porosité des frontières pour s’y infiltrer. Des groupes affiliés à l’EI sont déjà actifs au Sahel ainsi qu’au Nigeria, multipliant attaques meurtrières et prises d’otages.
L’Europe, cible finale
Au delà de son ancrage territorial en Afrique, l’objectif de l’État islamique reste de frapper le « lointain ennemi » occidental, et notamment l’Europe:
- En infiltrant sur le Vieux continent des combattants sous couvert de migration.
- En recrutant et en endoctrinant des individus au sein même des sociétés européennes.
- En orchestrant des attentats comme ceux qui ont endeuillé la France en 2015-2016.
Face à cette menace, les services de sécurité européens ont renforcé leur coopération, en particulier dans le domaine du renseignement. L’Europe a également accru son engagement aux côtés des pays africains dans leur lutte contre le terrorisme et la radicalisation.
Vigilance constante
Le démantèlement du réseau ivoiro-malgache représente une victoire significative dans la lutte antiterroriste. Mais elle ne saurait occulter le fait que la menace djihadiste, bien que diminuée, demeure prégnante tant en Afrique qu’en Europe. D’autres cellules de l’EI sont probablement toujours actives.
Nous devons maintenir une pression constante sur ces réseaux terroristes, où qu’ils se trouvent. C’est un combat de longue haleine qui nécessite détermination et coopération internationale.
Un expert en contre-terrorisme.
Les États confrontés à la menace doivent donc continuer à conjuguer leurs efforts en matière de renseignement, de sécurisation des frontières et de prévention de la radicalisation. C’est à ce prix que de nouveaux attentats pourront être déjoués et que l’hydre djihadiste finira par être vaincue.