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Dégradation de la note de la France : Moody’s sanctionne l’incertitude politique

La fragmentation politique pourrait-elle plomber les finances françaises ? C'est ce que semble penser l'agence Moody's, qui vient de dégrader la note de la France, quelques heures seulement après la nomination du nouveau Premier ministre François Bayrou. Une sanction qui sonne comme un avertissement pour le gouvernement...

Ce vendredi 13 était décidément un jour à marquer d’une pierre noire pour le nouveau gouvernement français. À peine quelques heures après l’investiture de François Bayrou comme Premier ministre, l’agence de notation financière Moody’s a annoncé dégrader la note souveraine de la France. Un signal fort envoyé à l’exécutif, alors que le pays traverse une période d’instabilité politique.

Une sanction motivée par la « fragmentation politique » du pays

Dans son communiqué, Moody’s justifie sa décision par la « fragmentation politique » actuelle en France, qui selon l’agence, ne serait pas propice à un rétablissement rapide des finances publiques. Un constat sévère, qui fait écho aux incertitudes politiques qui règnent dans le pays depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier, sur fond de contestation de la réforme des retraites.

Pour Moody’s, cette situation pourrait empêcher le gouvernement de mener à bien les réformes nécessaires pour redresser les comptes publics dans les années à venir. L’agence juge ainsi « faible » la probabilité de voir l’exécutif parvenir à réduire durablement les déficits au-delà de 2024.

La France rejoint le club des pays notés « Aa3 »

Concrètement, la note de la France passe de « Aa2 » à « Aa3 » dans la nomenclature de Moody’s, qui utilise une échelle allant jusqu’à « C ». Si la mention « Aa » traduit toujours une haute qualité de crédit, ce déclassement fait symboliquement sortir la France du club des pays classés dans le top 10 des meilleurs élèves en termes de finances publiques.

Elle rejoint ainsi d’autres pays comme la Belgique ou le Japon, qui affichent des niveaux d’endettement élevés en proportion de leur PIB. Une situation qui pourrait à terme peser sur la capacité de la France à emprunter sur les marchés à des taux avantageux, si la confiance des investisseurs venait à s’éroder davantage.

François Bayrou promet de ne « rien laisser de côté »

Face à ce signal d’alerte, le nouveau Premier ministre François Bayrou a voulu se montrer rassurant. Lors de la passation de pouvoir avec son prédécesseur Michel Barnier, il a réaffirmé que la dette et les déficits seraient sa « ligne de conduite », promettant de ne « rien cacher, de ne rien négliger et de ne rien laisser de côté ».

« Nul plus que moi ne connaît la difficulté de la situation », a-t-il ajouté, rappelant avoir « pris des risques inconsidérés dans sa vie politique pour poser la question de la dette et des déficits ».

Reste à savoir si ces engagements suffiront à rassurer Moody’s et les marchés financiers. D’autres agences comme S&P et Fitch doivent se prononcer dans les prochaines semaines sur la note de la France. Un déclassement généralisé constituerait un sérieux coup dur pour l’exécutif, déjà confronté à une opinion publique méfiante et une opposition revigorée par les dernières élections.

L’exécutif sous pression pour clarifier son cap

Au-delà de la question budgétaire, cette dégradation soulève celle de la ligne politique du gouvernement pour les prochains mois. Entre un président affaibli et contesté, un Premier ministre qui joue sa crédibilité sur le front économique, et des partenaires sociaux sur la défensive, la tâche s’annonce ardue pour bâtir un consensus autour d’un nouveau « contrat social », comme l’a appelé de ses vœux Emmanuel Macron.

Dans ce contexte, toute mesure impopulaire risque de susciter une levée de boucliers, comme l’a montré la crise des retraites. Mais reculer sur les réformes pourrait à l’inverse envoyer un mauvais signal aux agences de notation et aux investisseurs, guettant des gages de sérieux budgétaire.

Un équilibre délicat, qui obligera l’exécutif à clarifier rapidement son cap pour les mois et années à venir. Car au-delà de la note de Moody’s, c’est bien la confiance dans la capacité de la France à se réformer et à tenir ses engagements financiers qui est en jeu. Un défi majeur pour François Bayrou, dont le début de mandat s’annonce d’ores et déjà sous haute surveillance.

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