Et si un pays européen, après des années de turbulences économiques, réussissait à inverser la tendance en un temps record ? En 2024, l’Espagne a surpris tout le monde en ramenant son déficit public sous la barre symbolique des 3% du PIB, un seuil fixé par les règles européennes. Derrière ce chiffre, une histoire de résilience, de croissance inattendue et de choix stratégiques qui pourraient inspirer bien des nations. Alors, comment ce pays a-t-il réussi là où d’autres peinent encore ? Plongeons dans cette réussite qui fait parler.
Un Tournant Économique Historique
Après cinq années marquées par des dérapages budgétaires, l’Espagne a enfin repris le contrôle de ses finances publiques en 2024. Selon des données officielles publiées récemment, le déficit a chuté à 2,8% du PIB, une baisse impressionnante par rapport aux 3,5% de 2023 et aux 4,6% de 2022. Ce n’est pas un simple ajustement : c’est un bond en avant qui dépasse même les attentes du gouvernement.
Cette performance n’est pas passée inaperçue. Elle contraste sharply avec la situation de certains voisins européens, où les déficits restent bien au-dessus des seuils autorisés. Mais qu’est-ce qui a permis ce retour en force ? La réponse se trouve dans une combinaison unique de facteurs économiques et de décisions audacieuses.
La Croissance, Moteur de la Réussite
Le principal moteur de cette réduction spectaculaire ? Une croissance économique qui a atteint 3,2% du PIB en 2024, largement au-dessus de la moyenne de la zone euro, plafonnée à 0,7%. Cette dynamique a été portée par un secteur bien particulier : le tourisme international, qui a repris des couleurs après des années difficiles. Les plages, les villes historiques et les festivals ont attiré des millions de visiteurs, remplissant les caisses de l’État grâce à des recettes fiscales en hausse.
Mais ce n’est pas tout. Les fonds du plan de relance européen ont aussi joué un rôle clé. Injectés dans des projets d’infrastructure et de modernisation, ils ont dopé l’économie et permis de créer un cercle vertueux : plus de croissance, plus de recettes, moins de déficit. Une équation simple, mais redoutablement efficace.
Ces résultats traduisent une gestion rigoureuse dans un monde incertain.
– Une voix officielle du gouvernement espagnol
Un Retour dans les Clous Européens
Avec ce déficit à 2,8%, l’Espagne retrouve une place conforme aux exigences des traités européens, qui imposent un déficit public inférieur à 3% du PIB. C’est une première depuis 2018, un symbole fort pour un pays qui avait vu ses finances s’effondrer pendant la crise du Covid-19. À l’époque, la dette publique avait grimpé jusqu’à un pic alarmant de 124,2% du PIB en mars 2021. Aujourd’hui, elle redescend à 101,8%, un niveau encore élevé, mais bien plus maîtrisé.
Ce retour dans les clous n’est pas qu’une question de chiffres. Il redonne à l’Espagne une crédibilité sur la scène européenne, surtout face à des partenaires qui luttent encore pour assainir leurs comptes. Une source proche des autorités a souligné que cette réussite était le fruit d’un effort collectif, malgré un contexte mondial marqué par l’incertitude.
Les Défis Derrière les Chiffres
Mais tout n’est pas rose pour autant. Les 2,8% annoncés ne tiennent pas compte des dépenses exceptionnelles liées aux inondations dévastatrices qui ont frappé le sud-est du pays fin octobre 2024. Si on les intègre, le déficit grimperait à 3,15%. Heureusement, les règles européennes permettent d’exclure l’impact des catastrophes naturelles, sauvant ainsi la belle performance officielle.
Autre ombre au tableau : le gouvernement fonctionne depuis plus d’un an sans nouveau budget, s’appuyant sur celui de 2023. Cette situation, due à un manque de majorité parlementaire, aurait pu freiner les efforts. Pourtant, l’Espagne a tenu bon, preuve d’une certaine résilience politique et économique.
Comparaison avec les Voisins Européens
Quand on regarde autour, le contraste est saisissant. Un grand pays voisin, par exemple, a vu son déficit bondir à 5,8% du PIB en 2024, loin des objectifs européens, avec une dette frôlant les 113%. Pendant ce temps, le Portugal, autre voisin ibérique, affiche un excédent de 0,7%, confirmant une tendance positive dans la péninsule. L’Espagne se place ainsi dans une position enviable, entre rigueur et dynamisme.
- Espagne : Déficit à 2,8%, dette à 101,8% du PIB.
- Portugal : Excédent de 0,7%, un modèle de discipline.
- Zone euro : Croissance moyenne à 0,7%, bien en deçà.
Des Objectifs Ambitieux pour 2025
Le gouvernement ne compte pas s’arrêter là. L’objectif pour 2025 ? Ramener le déficit à 2,5% du PIB, tout en continuant à réduire la dette publique à 101,4%. À plus long terme, l’ambition est de passer sous la barre des 100% d’ici 2027. Une prévision optimiste, soutenue par une croissance attendue de 2,6% l’an prochain.
Ces chiffres ambitieux devront toutefois composer avec de nouvelles priorités. Sous la pression de ses alliés, l’Espagne prévoit d’augmenter ses dépenses militaires, actuellement à 1,28% du PIB – le plus faible ratio de l’OTAN. L’objectif est d’atteindre 2% d’ici 2029. Une promesse qui pourrait tendre les finances, mais que les autorités assurent pouvoir concilier avec leurs engagements budgétaires.
Un Modèle à Suivre ?
Alors, l’Espagne est-elle un exemple pour l’Europe ? Sa capacité à combiner croissance économique, réduction du déficit et gestion de crises imprévues impressionne. Pourtant, des questions subsistent. La dépendance au tourisme, les pressions extérieures et les aléas climatiques pourraient fragiliser cette belle mécanique. Pour l’instant, le pays savoure sa victoire, mais le chemin reste long.
En résumé : Une croissance explosive, des recettes boostées et une discipline budgétaire ont permis à l’Espagne de briller en 2024. Mais jusqu’où ira cette dynamique ?
Ce succès, porté par des choix audacieux et un contexte favorable, pourrait bien inspirer d’autres nations. Reste à voir si 2025 confirmera cette trajectoire ou si de nouveaux défis viendront tester cette résilience. Une chose est sûre : l’Espagne a repris les rênes de son destin économique, et ça, personne ne l’avait vu venir il y a quelques années.