L’Union européenne vient de dégainer l’artillerie lourde contre 7 pays membres, dont la France, qui ont dépassé les limites de déficit public autorisées. Cette procédure pour déficit excessif, redoutée par les capitales, pourrait se traduire par de lourdes sanctions financières si les États visés ne rentrent pas rapidement dans les clous. Décryptage d’une situation préoccupante pour les finances publiques hexagonales.
La France épinglée pour son déficit record
Avec un déficit public qui a atteint 3,4% du PIB en 2023, bien au-delà donc de la limite des 3% fixée par les critères de Maastricht, la France s’est attirée les foudres de Bruxelles. Elle n’est pas la seule dans le viseur européen puisque la Belgique, la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie, Malte et la Roumanie sont également concernées par cette procédure.
Le gouvernement français va devoir fournir des explications et surtout présenter un plan crédible de réduction des déficits dans les prochains mois. Une gageure alors que la dette publique nationale frôle déjà les 3000 milliards d’euros et que les marges de manœuvre budgétaires sont extrêmement limitées.
Les critères de Maastricht, corde raide pour Paris
Depuis la création de la monnaie unique, la France a rarement respecté les fameux critères de convergence européens qui plafonnent les déficits à 3% et la dette à 60% du PIB. Des seuils régulièrement dépassés et une situation qui inquiète de plus en plus Bruxelles, d’autant que la crise du Covid a fait exploser les compteurs.
Il faut absolument que la France réduise ses dépenses publiques et assainisse ses comptes. C’est un impératif pour restaurer sa crédibilité européenne.
– Un diplomate européen
Vers des sanctions financières ?
Si la France et les autres pays épinglés ne parviennent pas à corriger rapidement la trajectoire de leurs finances publiques, ils s’exposent à des amendes pouvant atteindre 0,2% de leur PIB. Soit potentiellement plusieurs milliards d’euros pour l’Hexagone. De quoi sérieusement compliquer l’équation budgétaire déjà délicate du gouvernement.
Pour éviter ces sanctions, Bercy va devoir présenter un plan de bataille convaincant, mêlant réduction des dépenses et hausses d’impôts. Un véritable casse-tête alors que la pression fiscale est déjà à un niveau record en France et que la contestation sociale gronde.
L’équation impossible des finances publiques françaises
Coincé entre le marteau européen et l’enclume de l’opinion publique, l’exécutif français va devoir réaliser un véritable numéro d’équilibriste budgétaire dans les mois à venir. D’autant que les mauvaises nouvelles s’accumulent :
- La croissance économique marque le pas et devrait péniblement atteindre 1% en 2024
- L’inflation reste élevée (autour de 5% sur un an), grevant le pouvoir d’achat des ménages
- La remontée des taux d’intérêt alourdit considérablement la charge de la dette
Pour ne rien arranger, l’Agence France Trésor qui gère la dette publique française prévoit de devoir emprunter près de 300 milliards d’euros sur les marchés d’ici la fin de l’année pour financer les déficits et rembourser les dettes arrivant à échéance. Une facture colossale qui inquiète les investisseurs.
Des choix douloureux en perspective
Pour tenter de redresser la barre, le gouvernement va devoir actionner deux leviers : réduire significativement les dépenses publiques et augmenter les impôts. Deux options politiquement explosives alors que la grogne sociale est déjà vive sur fond de réforme des retraites contestée.
Quels secteurs seront mis à contribution ? Quelles nouvelles taxes verront le jour ? Le suspense est entier mais une chose est sûre, les arbitrages qui s’annoncent seront douloureux et impopulaires. Le gouvernement marche sur un fil et toute erreur de dosage dans sa réponse à Bruxelles pourrait précipiter une crise politique et sociale majeure en France.
L’heure est donc grave pour les finances publiques françaises, prises en tenaille entre les exigences européennes et la colère de la rue. Emmanuel Macron et son gouvernement vont devoir faire preuve de pédagogie et d’habileté politique pour tracer une voie de sortie de crise étroite et semée d’embûches. Un sacré défi qui hypothèquera sans nul doute le reste du quinquennat.