Dans le vaste spectre des orientations sexuelles et des identités de genre, certains termes demeurent encore largement méconnus du grand public. Pourtant, derrière des appellations comme « AroAce », « Demi-romantique » ou « Imagisexuel » se cachent des réalités complexes et des quêtes identitaires souvent troublantes pour les personnes concernées.
Des orientations et identités peu reconnues
Si les termes lesbienne, gay, bisexuel et transgenre (LGBT) sont désormais relativement bien ancrés dans les consciences, d’autres facettes de la diversité sexuelle et de genre restent encore largement inexplorées. C’est le cas notamment des personnes s’identifiant comme AroAce (aromantiques et asexuelles), Demi-romantiques ou encore Imagisexuelles.
AroAce : ni attirance romantique, ni attirance sexuelle
Le terme AroAce désigne les personnes se définissant à la fois comme aromantiques, c’est-à-dire ne ressentant pas d’attirance romantique, et asexuelles, autrement dit ne ressentant pas d’attirance sexuelle. Elles ne recherchent donc ni relation amoureuse, ni rapport sexuel.
L’identité est la quête de se comprendre soi-même, l’autre, dans une période de sensations troublantes, de désirs bouleversants, par rapport aux pratiques normales et normées hétéro.
– Noémie Marignier, maîtresse de conférences en sciences du langage
Demi-romantique : des sentiments qui prennent du temps
Une personne Demi-romantique ne développera des sentiments amoureux qu’après avoir tissé un lien émotionnel fort avec quelqu’un. L’attirance romantique n’est donc pas immédiate mais se construit avec le temps, une fois la connexion établie.
- Les personnes demi-romantiques ont besoin de temps et de complicité pour tomber amoureuses
- L’attirance n’est pas liée au physique ou au genre mais à la qualité du lien émotionnel
Imagisexuel : attirance pour des personnages fictifs
Les personnes Imagisexuelles ressentent une attirance, souvent très forte, pour des personnages fictifs issus d’œuvres comme des livres, des films, des séries, des mangas ou encore des jeux vidéo. Cette attirance peut être romantique et/ou sexuelle.
Comme l’explique Noémie Marignier, spécialiste des discours sur le sexe, le genre et les sexualités, cette orientation soulève des questionnements identitaires profonds :
Les imagisexuels sont attirés par des personnages qu’ils ne pourront jamais voir, toucher, rencontrer dans la vraie vie. Cela interroge sur la place de l’imaginaire, du fantasme, dans la construction de son identité sexuelle.
– Noémie Marignier
Une quête identitaire complexe et bouleversante
Souvent incomprises, parfois moquées ou rejetées, les personnes AroAce, Demi-romantiques, Imagisexuelles et tant d’autres traversent un cheminement identitaire semé d’embûches. Se comprendre soi-même, trouver sa place dans une société encore très hétéronormée, s’accepter pleinement… Autant de défis à relever pour vivre sereinement son orientation ou son identité.
Au-delà des étiquettes, c’est bien la légitimité de chaque parcours et la richesse de la diversité humaine qui doivent être reconnues et célébrées. Car comme le rappelle Noémie Marignier, « l’identité est la quête de se comprendre soi-même, l’autre, dans une période de sensations troublantes, de désirs bouleversants ». Une quête unique et précieuse, quelle que soit la façon dont elle s’exprime.