C’est une découverte macabre qui secoue l’Afrique du Sud. Depuis lundi, les corps sans vie de 36 mineurs clandestins ont été extraits des profondeurs d’une mine abandonnée près de Stilfontein, à environ 150 km au sud-ouest de Johannesburg. Et ce n’est probablement que la partie émergée de l’iceberg de cette tragédie souterraine.
Les opérations de secours, qui doivent encore se poursuivre pendant une dizaine de jours, ont d’abord permis de remonter 9 dépouilles lundi à l’aide d’une nacelle et d’un treuil. Mardi, 27 mineurs supplémentaires extraits des galeries ont été déclarés morts, portant le bilan provisoire à 36 victimes selon un communiqué de la police. Mais plusieurs sources locales estiment qu’il pourrait y avoir plus d’une centaine de corps au fond de ce puits abandonné.
Une vidéo montre l’ampleur de l’horreur
Une vidéo glaçante transmise par une ONG locale donne une idée de l’étendue de la catastrophe. Dans l’obscurité des galeries, on distingue ce qui ressemble à des dizaines de dépouilles emballées. D’après un porte-parole des habitants, une lettre remontée de sous terre la semaine dernière faisait état de plus de 109 corps.
Depuis plus de deux mois, l’accès à cette mine faisait l’objet d’une surveillance policière dans le cadre d’une opération visant à déloger les mineurs clandestins. Appelés « zama zamas », ces derniers seraient des milliers à s’activer dans les profondeurs des mines sud-africaines, berceau de 40% de l’or mondial. Rien que sur le site de Stilfontein, plus de 1500 d’entre eux, presque tous étrangers, seraient remontés depuis août.
Accusations d’enfumage contre les autorités
Face à l’ampleur du phénomène, les autorités sont accusées d’avoir voulu forcer les mineurs à remonter en réduisant drastiquement depuis début novembre les réserves de nourriture et d’eau apportées par les proches. Une ministre aurait même déclaré « Nous allons les enfumer et ils sortiront », suscitant l’indignation. Beaucoup de ces mineurs clandestins et leurs familles dépendent en effet de l’économie informelle qui s’est développée autour de la mine.
Un bilan qui risque de s’alourdir
Alors que les opérations de secours vont se poursuivre pendant plus d’une semaine, le bilan humain de ce drame des profondeurs risque malheureusement de s’alourdir de jour en jour. Une tragédie qui met en lumière les terribles conditions dans lesquelles travaillent et survivent les milliers de « zama zamas » dans les entrailles des mines sud-africaines, attirés par la promesse d’un or souvent synonyme de danger mortel.