Imaginez un instant que sous vos pieds, à quelques mètres à peine, gisent les restes de vos lointains ancêtres. C’est précisément ce qui se passe actuellement au cœur de Rezé, dans la banlieue sud de Nantes. Un chantier d’archéologie préventive y a mis au jour un cimetière oublié depuis des siècles, dont les plus anciennes sépultures remontent à l’aube du Moyen Âge.
150 tombes et ce n’est qu’un début
Initialement, les archéologues de l’Inrap pensaient découvrir une petite nécropole d’une centaine de tombes sur le site du Carré Daviais. Mais au fil des semaines, le nombre n’a cessé de croître, dépassant désormais les 150 sépultures. Et le chantier est loin d’être terminé !
La responsable des fouilles, Marie-Laure Hervé-Monteil, se réjouit de cette opportunité unique d’étudier l’évolution d’un cimetière sur près d’un millénaire, du VIe au XVIe siècle. Les vestiges sont exceptionnellement bien préservés, malgré la pression urbaine qui s’exerce depuis des siècles sur ce secteur de Rezé.
Un véritable embouteillage funéraire
L’utilisation continue du cimetière pendant près de mille ans, dans un espace restreint, a engendré une densité de sépultures rarement observée. Les archéologues parlent même de « mikado » pour décrire l’enchevêtrement des squelettes, dont certains ont été littéralement coupés en deux par l’inhumation ultérieure d’autres défunts.
S’il était important de préserver l’intégrité des corps, les pratiques observées sont plus pragmatiques. L’essentiel était d’être inhumé en terre consacrée, entier ou pas.
explique Marie Perrin, archéo-anthropologue sur le chantier
Des sépultures sobres mais variées
Conformément aux pratiques funéraires médiévales, la plupart des sépultures sont dépourvues de mobilier, à l’exception d’un unique pot. Seuls quelques sarcophages d’une facture sommaire signalent la présence de tombes plus prestigieuses parmi les premières phases d’occupation.
Une zone réservée à l’inhumation des nourrissons a également été identifiée. La position des ossements atteste par ailleurs de l’utilisation fréquente de linceuls en tissu, aujourd’hui disparus.
Un cimetière qui ne dit pas son dernier mot
Alors que le chantier devait initialement s’achever en décembre, il a été prolongé au moins jusqu’en mars pour permettre une fouille complète du cimetière. Mais ce n’est qu’une première étape.
Les archéologues devront ensuite étudier minutieusement les centaines de squelettes et les vestiges associés, en espérant percer les secrets de la vie et de la mort à Rezé au Moyen Âge. Les analyses en laboratoire, notamment les datations au carbone 14, apporteront un nouvel éclairage sur ce patrimoine longtemps oublié.
Un site d’exception aux multiples époques
Mais les archéologues ne se sont pas arrêtés au cimetière médiéval. Sous les sépultures les plus anciennes, ils ont aussi mis au jour une rue gallo-romaine et les vestiges d’un probable quartier artisanal et commerçant, témoins de l’histoire antique de Rezé, alors appelée Ratiatum.
Une fois les fouilles achevées, le site laissera place à un nouveau square municipal, offrant aux Rezéens un lieu de promenade et de détente insoupçonné. Mais sous leurs pieds, les fantômes du passé continueront de livrer leurs secrets aux chercheurs pendant de longues années encore.
Mais les archéologues ne se sont pas arrêtés au cimetière médiéval. Sous les sépultures les plus anciennes, ils ont aussi mis au jour une rue gallo-romaine et les vestiges d’un probable quartier artisanal et commerçant, témoins de l’histoire antique de Rezé, alors appelée Ratiatum.
Une fois les fouilles achevées, le site laissera place à un nouveau square municipal, offrant aux Rezéens un lieu de promenade et de détente insoupçonné. Mais sous leurs pieds, les fantômes du passé continueront de livrer leurs secrets aux chercheurs pendant de longues années encore.