Les propos choquants d’un ministre israélien sur la bande de Gaza suscitent un tollé international. Lors d’un colloque lundi soir, Bezalel Smotrich, ministre des Finances et chef du parti d’extrême-droite « Sionisme Religieux », a tenu des propos pour le moins provocateurs concernant l’enclave palestinienne.
« Conquérir Gaza » et encourager « l’émigration volontaire »
Selon des sources proches de l’événement, le ministre Smotrich a affirmé sans détour qu’Israël devrait « conquérir la bande de Gaza » et qu’il ne fallait pas « avoir peur de ce mot ». Mais il ne s’est pas arrêté là. Il a ensuite suggéré de réduire de moitié la population palestinienne locale par ce qu’il a qualifié « d’émigration volontaire », profitant selon lui d’une « opportunité unique » offerte par la nouvelle administration américaine de Donald Trump.
« On peut créer une situation dans laquelle, d’ici deux ans, la population de Gaza sera réduite de moitié. »
Bezalel Smotrich, ministre israélien des Finances
Ces déclarations ont immédiatement provoqué un séisme politique. De nombreux observateurs y voient la promotion assumée d’une politique de déplacement forcé de population, en contradiction totale avec le droit international. Des accusations de « nettoyage ethnique » sont même évoquées par certains responsables.
L’ONG Human Rights Watch parle de « crime contre l’humanité »
Dans un rapport publié le 14 novembre, soit quelques jours avant la polémique, l’ONG Human Rights Watch avait justement accusé Israël de commettre un crime contre l’humanité en déplaçant de force et de façon répétée les Palestiniens de la bande de Gaza. Des allégations vigoureusement rejetées par le gouvernement israélien, qui les juge « totalement fausses ».
Mais avec les propos du ministre Smotrich, difficile pour l’exécutif de balayer ces accusations d’un revers de main. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a d’ailleurs déclaré le 11 novembre sur le réseau social X (ex-Twitter) que les mots « nettoyage ethnique » étaient de plus en plus utilisés pour décrire la situation dans le nord de Gaza.
Tollé international et critiques américaines
Au niveau international, les réactions outragées n’ont pas tardé. Le porte-parole du département d’État américain a rejeté les déclarations « irresponsables » de Smotrich et de son collègue Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, qui avaient déjà évoqué en janvier des « transferts volontaires » de population depuis Gaza.
Malgré le soutien indéfectible de Donald Trump à Israël, l’administration américaine ne peut cautionner de tels propos, susceptibles d’enflammer encore davantage une région déjà à vif. La communauté internationale redoute un nouvel embrasement et une aggravation de la crise humanitaire déjà catastrophique dans la bande de Gaza, sous blocus israélien depuis plus de 15 ans.
Un ministre de plus en plus isolé, même en Israël
Au sein même du gouvernement israélien, les sorties provocatrices de Smotrich commencent à agacer. Si le Premier ministre Benjamin Netanyahu n’a pas encore réagi officiellement, des sources gouvernementales affirment qu’il aurait recadré son bouillonnant ministre en privé, lui intimant de modérer ses propos.
Mais cela suffira-t-il à calmer le jeu ? Rien n’est moins sûr. Car une frange de plus en plus influente et radicale de la droite israélienne, incarnée par Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, pousse clairement à une reprise en main brutale de la bande de Gaza. Quitte à envisager des mesures extrêmes comme des déplacements massifs de population.
Une chose est sûre : avec de telles déclarations, le gouvernement israélien joue avec le feu et risque d’attiser encore davantage les braises du conflit. La communauté internationale retient son souffle, tant la situation semble explosive. Le spectre d’une nouvelle guerre, potentiellement dévastatrice, n’a jamais semblé aussi présent.