C’est un chiffre qui glace le sang. En 2023, 735 personnes sans domicile fixe sont mortes dans la rue selon une étude alarmante du Collectif des morts de la rue. Un triste record qui soulève l’indignation des associations. Comment expliquer une telle hécatombe ? Quelles sont les réactions face à cette crise humanitaire ?
Des chiffres qui n’ont “jamais été aussi élevés”
Les données recueillies par le Collectif font froid dans le dos. Jamais autant de SDF n’avaient perdu la vie dans la rue en une seule année. Un triste record qui dépasse de loin les 624 décès recensés en 2022. Et encore, ces chiffres seraient en-deçà de la réalité selon les auteurs de l’étude, une part significative des morts échappant à leur décompte.
Le bilan est encore plus lourd si l’on inclut les personnes décédées après avoir connu la rue, portant le total à 826. Car même pour ceux qui ont pu retrouver un logement, les années d’errance laissent des séquelles durables. Résultat, l’espérance de vie moyenne des SDF est de seulement 49 ans, soit 30 ans de moins que la population générale.
Un tiers des décès dans les espaces publics
Derrière ces statistiques se cachent des drames humains. Près d’un tiers des SDF sont morts directement dans la rue, dans l’indifférence générale. 22% ont perdu la vie suite à des causes externes comme des accidents ou des agressions. Seuls 30% ont pu bénéficier d’une prise en charge médicale en fin de vie, un chiffre en légère hausse mais qui traduit la difficulté d’accès aux soins pour les plus démunis.
La rue tue, dans l’indifférence quasi générale.
Le collectif des morts de la rue
Les causes d’une hécatombe silencieuse
Pour le Collectif, cette hécatombe s’explique d’abord par la crise du logement qui ne cesse de s’aggraver. Selon la Fondation Abbé Pierre, la France comptait 330 000 sans-abri en 2023, soit plus du double qu’en 2012. Une situation qui rend les SDF toujours plus vulnérables face aux aléas de la rue.
Mais au-delà du manque de logements, c’est surtout l’indifférence de la société qui est pointée du doigt. Certaines mesures comme l’interdiction des distributions alimentaires dans plusieurs villes aggravent encore la précarité des SDF. Sans parler des difficultés pour accéder aux soins, cruellement illustrées par les causes de décès.
Des mesures d’urgence réclamées
Face à ce constat accablant, les associations réclament des actions immédiates des pouvoirs publics. Parmi les mesures d’urgence figurent :
- Un plan massif de création de logements très sociaux et de places d’hébergement
- La fin des arrêtés anti-mendicité et anti-distribution alimentaire
- Un meilleur accès aux soins, avec des maraudes médicales renforcées
- Des accueils de jour ouverts toute l’année pour offrir des services essentiels
- Une sensibilisation accrue du grand public à la situation des SDF
Mais au-delà des dispositifs, c’est surtout un changement de regard sur les sans-abri qui est attendu. Car derrière les statistiques se cachent des femmes et des hommes dont les vies valent autant que les autres. Des vies fauchées dans l’indifférence, à l’âge où d’autres fondent une famille ou s’épanouissent dans leur carrière.
En cette journée de deuil, ayons une pensée pour celles et ceux qui ont perdu la vie dans la rue cette année. Et prenons conscience, collectivement, de l’urgence d’agir pour que plus personne ne meure de la rue dans notre pays. Car leur mort nous concerne tous.