Ce dimanche 17 juin marque le début d’un scrutin décisif au Sénégal. Près de 7,3 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour élire leurs 165 députés qui siégeront pour un mandat de 5 ans à l’Assemblée nationale. L’enjeu est de taille pour le pouvoir en place, porté au sommet il y a à peine 8 mois lors de la présidentielle.
Dès l’ouverture des bureaux de vote à 8h, les files d’attente se sont formées, notamment dans la capitale Dakar. « J’espère que le Pastef va gagner pour avoir la majorité », confie Pascal, un électeur de 56 ans. Comme beaucoup de Sénégalais, il espère que le parti du Premier ministre Ousmane Sonko pourra « mieux dérouler son mandat » avec une solide assise parlementaire. « La priorité c’est le chômage, les jeunes sont tellement confrontés au chômage », souligne-t-il.
Un nouvel exécutif en quête de marge de manœuvre
Le président Bassirou Diomaye Faye, novice en politique, a créé la surprise en remportant la présidentielle dès le premier tour en mars dernier. Porté par une jeunesse en soif de changement après des années de crise, il a nommé comme Premier ministre son mentor Ousmane Sonko, figure montante d’un « panafricanisme de gauche ».
Mais depuis leur prise de fonction, le duo doit composer avec une Assemblée nationale encore dominée par les soutiens de l’ancien président Macky Sall. Une « cohabitation conflictuelle » qui a poussé Bassirou Diomaye Faye à dissoudre l’Assemblée dès que possible en septembre.
Pour mettre en œuvre leurs promesses de campagne, l’exécutif a besoin d’une majorité des trois cinquièmes. Cela leur permettrait de réviser la Constitution sans passer par un référendum, ou encore de mettre en accusation Macky Sall. Un scénario qui inquiète l’opposition, qui dénonce les risques d’une « concentration des pouvoirs » entre les mains d’un pouvoir jugé « extrémiste » et « incompétent ».
Quel visage pour la nouvelle Assemblée ?
Si l’on en croit les analystes, les Sénégalais ont historiquement tendance à confirmer lors des législatives leur vote de la présidentielle. De quoi laisser entrevoir une victoire du camp présidentiel ce dimanche. Mais rien n’est joué d’avance.
Le taux de participation sera scruté de près, dans un contexte de désenchantement d’une partie de la population, éprouvée par des années d’instabilité politique et économique. Le chômage des jeunes et la cherté de la vie figurent parmi les préoccupations majeures des électeurs.
De son côté, l’opposition compte mobiliser pour faire barrage à une “dérive autoritaire” et imposer un contre-pouvoir fort à l’Assemblée. Mais elle part divisée, faute d’avoir réussi à s’unir autour d’une liste commune.
Premières tendances attendues lundi
Les bureaux de vote fermeront à 18h ce dimanche. Si le dépouillement et la remontée des résultats devraient prendre quelques heures, des projections fiables de la composition de la nouvelle Assemblée pourraient être disponibles dès lundi matin, grâce au travail des médias sur le terrain.
Une nouvelle page de l’histoire politique sénégalaise est en train de s’écrire. Avec en ligne de mire la présidentielle de 2024, pour laquelle Ousmane Sonko apparaît déjà comme le grand favori. Reste à voir si ces législatives lui donneront les coudées franches pour préparer le terrain.