Insultes, menaces, débuts de bagarres… Les débats à l’Assemblée nationale dérapent de plus en plus fréquemment ces derniers temps. Dans l’hémicycle, les nerfs sont à vif et les députés semblent avoir perdu tout sang-froid. Un théâtre politique sous très haute tension qui soulève de nombreuses inquiétudes sur la capacité de nos élus à légiférer sereinement pour le pays. Plongée dans les coulisses de cette crise sans précédent.
Quand les députés déraillent
Les incidents se multiplient dangereusement au sein du Palais Bourbon. Jeudi dernier, un député centriste a failli en venir aux mains avec un élu socialiste qu’il accusait de menacer sa famille, avant d’être exfiltré par son président de groupe. Une scène surréaliste, symptomatique du climat délétère qui règne à l’Assemblée nationale depuis plusieurs mois.
D’après des sources internes, les altercations verbales et autres invectives sont devenues monnaie courante dans les couloirs et les commissions. « L’ambiance est électrique, confie un député sous couvert d’anonymat. Chacun est sur les nerfs, prêt à exploser à la moindre contrariété. On est loin de l’image policée que les gens ont des débats parlementaires ! »
Les sanctions pleuvent
Face à ces débordements à répétition, les sanctions tombent. Depuis juin 2022 et l’élection de la nouvelle Assemblée, pas moins de 113 rappels à l’ordre et autres punitions ont été prononcés par les autorités de la chambre, contre seulement 41 sur l’ensemble des 5 années précédentes. Du jamais vu sous la Ve République !
On n’avait pas vu une telle tension depuis la crise boulangiste à la fin du XIXe siècle.
Un historien spécialiste du parlementarisme
En tête des députés les plus sanctionnés, on retrouve sans surprise les élus de La France Insoumise, avec pas moins de 94 rappels à l’ordre et autres blâmes depuis leur entrée en masse au Parlement en 2017. Un triste record qui en dit long sur la stratégie de clash et d’obstruction adoptée par les Insoumis dans l’hémicycle.
Une situation inédite et préoccupante
Pour de nombreux observateurs, cette montée de la violence verbale et parfois physique est le reflet d’une crise politique majeure. Avec une Assemblée morcelée, sans majorité claire, où chaque camp se regarde en chien de faïence, difficile en effet de trouver des terrains d’entente.
On assiste à une polarisation record, une hystérisation du jeu politique qui empêche toute avancée. C’est très préoccupant pour notre démocratie.
Une politologue
À l’heure où la France fait face à de multiples défis (inflation, crise énergétique, pouvoir d’achat…), beaucoup craignent que cette paralysie politique ne débouche sur une explosion sociale. Il y a urgence à restaurer un dialogue républicain apaisé pour prendre les décisions qui s’imposent. Encore faut-il que nos élus retrouvent leur raison…
