Nichée à l’embouchure de la rivière des Perles, Macao fascine par son destin hors du commun. Cette ex-colonie portugaise, restituée à la Chine il y a 25 ans, s’est métamorphosée en capitale mondiale des casinos, éclipsant même le mythique Las Vegas. Mais au-delà des paillettes et des tables de jeu, Macao recèle une histoire captivante, façonnée par un métissage unique entre influences portugaises et chinoises. Bienvenue dans les coulisses de la "Vegas d’Asie", où le patrimoine côtoie les gratte-ciels futuristes.
Du comptoir portugais à la rétrocession chinoise
L’histoire de Macao débute en 1557, quand ce port de pêche devient le premier comptoir commercial européen en Asie. Les Portugais obtiennent le droit de s’y installer en récompense de leur aide contre la piraterie. Pendant trois siècles, Macao s’impose comme la porte d’entrée du commerce entre la Chine et l’Europe, avant d’être éclipsée par sa voisine Hong Kong, passée sous pavillon britannique en 1841.
Dès 1576, les missionnaires catholiques font de Macao leur base arrière pour évangéliser la Chine. Les jésuites y fondent même la première université européenne d’Asie en 1594. Au XXe siècle, Macao joue un rôle clé pour les exportations chinoises, notamment d’or, vers l’Occident.
La question de la souveraineté sur le territoire se pose dans les années 60. Après une révolte pro-communiste en 1966, le Portugal propose de restituer Macao à la Chine, qui décline. Il faudra attendre 1987 pour qu’un accord soit trouvé, prévoyant la rétrocession en 1999, selon le principe "un pays, deux systèmes".
Macao, région spéciale semi-autonome
Le 20 décembre 1999, le drapeau chinois est hissé sur Macao, mettant fin à 442 ans de souveraineté portugaise. Comme Hong Kong, le territoire devient une région administrative spéciale, conservant une large autonomie politique et économique. Sa mini-constitution, la Loi fondamentale, garantit le maintien du système capitaliste et d’un haut degré d’autonomie jusqu’en 2049 au moins.
L’irrésistible ascension des casinos
Macao doit sa fortune à un atout de taille : le jeu, interdit en Chine continentale, y est légal depuis 1844. Les casinos attirent une clientèle massive venue tenter sa chance dans l’un des 30 établissements de la ville. Avant la pandémie, le territoire battait des records avec près de 40 millions de visiteurs annuels, pour une population de seulement 680 000 habitants !
Aujourd’hui, Macao a retrouvé son trône de capitale mondiale des casinos, générant des revenus quatre fois supérieurs à ceux de Las Vegas. Le secteur du jeu pèse pour 80% des recettes du gouvernement local. Un défi pour les autorités, qui cherchent à diversifier l’économie du territoire.
Un patrimoine sino-portugais unique
Malgré la forêt de casinos rutilants, l’héritage portugais perdure à Macao. Son centre historique, classé à l’UNESCO, dévoile un fascinant mariage architectural entre façades baroques, temples chinois et ruines majestueuses, comme celles de la cathédrale Saint-Paul. Les fameuses pastéis de nata, ces tartelettes aux œufs emblématiques, rappellent aussi l’empreinte lusitanienne.
Autre particularité : le portugais reste la deuxième langue officielle de ce territoire prospère, où le revenu par habitant est le plus élevé de Chine. Depuis 2018, Macao est directement relié à Hong Kong et Zhuhai par un pont spectaculaire de 55 km.
Macao apparaît ainsi comme une réussite économique et une vitrine pour Pékin, qui n’hésite pas à citer l’exemple de sa rétrocession "sans accroc" dans ses appels du pied à Taïwan.
– Analyse d’un diplomate occidental
Aux portes de l’empire du Milieu, la palpitante Macao offre donc un visage multiple : celui d’un territoire à la croisée des chemins, fier de ses racines métissées, où le tintement des machines à sous se mêle aux échos d’une histoire plurielle. Un joyau à (re)découvrir sans tarder, pour plonger dans les secrets de la "Vegas d’Orient" et s’imprégner de son atmosphère envoûtante. Macao, destination intense s’il en est !