L’Union européenne vient d’autoriser une aide d’État de 1,9 milliard d’euros en faveur de DB Cargo, la filiale fret de la Deutsche Bahn en proie à des difficultés financières chroniques. Cette décision, annoncée vendredi par la Commission européenne, est conditionnée à la mise en place d’un vaste plan de restructuration de l’entreprise.
Une aide en échange de contreparties
Bien que conséquente, cette aide publique n’est pas sans contrepartie pour DB Cargo. En effet, la Commission avait ouvert début 2022 une enquête suite à la plainte d’un concurrent concernant la prise en charge depuis 2012 des pertes de la filiale fret par sa maison mère, l’exploitant ferroviaire public Deutsche Bahn.
Pour que cette aide soit jugée conforme aux règles de l’UE, DB Cargo a dû s’engager à mettre en place un plan de transformation et de restructuration comprenant une rationalisation de ses activités et des réductions de coûts. Concrètement, ce sont 2300 emplois qui devraient être supprimés à partir du 1er janvier prochain.
Des cessions d’activités prévues
En plus des suppressions de postes, des cessions d’activités et d’actifs sont également au programme afin d’atténuer les distorsions de concurrence créées par cette aide publique. Le détail exact de ces cessions n’a pas été communiqué mais la Commission européenne s’est dite convaincue qu’elles permettront de rééquilibrer le marché.
Les règles de l’UE permettent aux États membres de soutenir les entreprises en difficulté, sous certaines conditions strictes.
Commission européenne
Elle souligne également avoir pris en compte le fait que le fret ferroviaire était indispensable en tant que solution bas carbone pour remplacer le transport routier et mettre en place des circuits logistiques durables. Le soutien à DB Cargo s’inscrit donc dans une logique de transition écologique des transports de marchandises.
Une situation similaire en France
DB Cargo n’est pas la seule entreprise de fret ferroviaire à connaître des difficultés en Europe. En France, Fret SNCF a aussi dû se restructurer en contrepartie d’une aide publique couvrant 5 milliards d’euros de déficits entre 2005 et 2019.
Là aussi, la filiale historique va laisser place à deux nouvelles sociétés au 1er janvier 2023, avec à la clé une réduction de 10% des effectifs. Une nouvelle illustration des défis auxquels est confronté le transport ferroviaire de marchandises face à la concurrence de la route.
Des aides soumises à conditions
Si la Commission a finalement validé ces aides publiques, c’est parce que les États se sont engagés à ce que la viabilité à long terme des entreprises concernées puisse être rétablie sans nouvelle aide. Les distorsions de concurrence doivent aussi être compensées par des cessions.
Le feu vert donné à l’Allemagne pour son soutien à DB Cargo ouvre donc la voie à une vaste réorganisation du leader européen du fret ferroviaire. Une transformation en profondeur avec à la clé de lourds sacrifices sociaux, mais jugée indispensable pour assurer la pérennité de ce maillon essentiel des chaînes logistiques européennes.