Il est des artistes qui transcendent leur art, devenant de véritables icônes dont l’influence se fait ressentir bien au-delà de leur domaine. David Lynch, génie du 7ème art décédé à l’âge de 78 ans, en faisait indéniablement partie. Réalisateur, peintre, musicien, cet artiste protéiforme a marqué de son empreinte indélébile le cinéma contemporain, ouvrant la voie à un nouveau genre : le surréalisme lynchien.
Un Parcours Artistique Atypique
Né en 1946 dans le Montana, David Lynch se destine initialement à une carrière de peintre. Mais très vite, il éprouve le besoin de donner vie à ses toiles, de les animer. C’est ainsi qu’il se tourne vers le cinéma, réalisant en 1977 son premier long-métrage, Eraserhead, œuvre étrange et dérangeante qui pose déjà les bases de son univers si particulier.
S’ensuivront des films devenus cultes comme Elephant Man, Blue Velvet ou encore Mulholland Drive, mais aussi la série télévisée Twin Peaks, véritable phénomène des années 90. À travers ces œuvres, Lynch explore les tréfonds de l’âme humaine, mêlant onirisme et noirceur dans des atmosphères aussi énigmatiques qu’envoûtantes.
Monica Bellucci : « J’ai été aimantée par son œuvre »
L’actrice italienne Monica Bellucci, qui a tourné une scène avec Lynch dans la nouvelle saison de Twin Peaks en 2017, confie avoir été fascinée par la personnalité de l’artiste :
J’aime son côté onirique, qui transcende la réalité. Lors d’un de ses séjours parisiens, il m’a invitée dans son atelier et j’ai été aimantée par un petit tableau représentant une danseuse. Il y avait une telle grâce, un tel mystère qui s’en dégageait.
Christian Louboutin : « Un esprit puissant et solitaire »
Le créateur de chaussures Christian Louboutin, ami proche de Lynch, décrit un homme « attachant, intelligent, très cérébral, mais aussi instinctif ». Il revient sur leur rencontre :
Je crois que je l’ai rencontré à un moment où il était très heureux. Et le bonheur est un bon lien entre les gens, les amitiés fortes se nouent souvent sur ce terrain fertile.
Louboutin souligne aussi l’importance de la création pour Lynch, un « canal d’expression vital » pour cet « esprit puissant et solitaire » qui avait tant à partager.
Mélita Toscan du Plantier : « Il a utilisé mes cheveux dans ses tableaux »
La productrice Mélita Toscan du Plantier, qui fut avec le musicien Ben Harper l’un des témoins du mariage de Lynch en 2009, révèle une anecdote surprenante sur l’artiste. Avant une opération au cerveau, elle avait dû se raser la tête :
David m’a demandé de lui garder mes cheveux pour ses tableaux. Un jour, dans son atelier, il m’a montré une boîte contenant ceux qu’il n’avait pas encore utilisés. Les autres figurent sur certaines de ses toiles. Du grand David Lynch !
L’Héritage d’un Artiste Inclassable
Peintre, cinéaste, photographe, musicien… David Lynch était un créateur touche-à-tout, refusant de se laisser enfermer dans une seule discipline. Dans les dernières années de sa vie, il s’était d’ailleurs éloigné des plateaux de tournage, préférant se consacrer à d’autres formes d’expression comme la peinture, la musique ou la méditation transcendantale, dont il était un fervent adepte.
Mais au-delà de la diversité de sa production, c’est bien une vision singulière du monde que Lynch laisse en héritage. Un univers fait de rêves et de cauchemars, de beauté et de violence, qui n’a cessé de fasciner et de déconcerter le public. Comme il le disait lui-même :
Le monde contemporain n’est peut-être pas exactement l’endroit le plus brillant où l’on puisse rêver de vivre. C’est une espèce d’étrange carnaval où il y a pas mal de douleur, mais qui peut être assez drôle aussi.
Une définition qui pourrait s’appliquer à son œuvre protéiforme, miroir tendu à nos sociétés et à la complexité de la psyché humaine. Avec la disparition de David Lynch, c’est une page du cinéma qui se tourne, mais son influence continuera sans nul doute à irradier la création contemporaine. Car comme le soulignent les témoignages de ses proches, au-delà du créateur, c’est aussi un homme d’une grande humanité qui s’en est allé. Un « darling » à jamais inclassable.