C’est une opportunité en or qui se présente pour Danone. Nestlé, le géant suisse de l’agroalimentaire, a annoncé mi-novembre son intention de se désengager de son activité d’eau en bouteille, qui comprend notamment les marques Perrier, Contrex, Vittel et Sanpellegrino. Une annonce qui a immédiatement suscité l’intérêt du groupe français, déjà propriétaire d’Evian, Badoit et Volvic.
Nestlé ouvre la porte à un partenariat sur ses eaux
Lors de l’annonce de ce revirement stratégique, le nouveau patron de Nestlé, Laurent Freixe, a déclaré que le groupe allait « évaluer sa stratégie pour cette activité » et « explorer les possibilités de partenariat pour permettre aux marques emblématiques d’atteindre leur plein potentiel ». En d’autres termes, Nestlé est prêt à céder le contrôle de ses eaux dans le cadre d’un partenariat.
Une opportunité à saisir pour Danone, même si le groupe n’a pas officiellement confirmé son intérêt. Selon des sources proches du dossier, le géant français étudierait la possibilité de racheter tout ou partie du portefeuille eau de Nestlé, pour consolider sa position de leader du marché. Un marché pesant plus de 200 milliards de dollars au niveau mondial.
Perrier et Sanpellegrino, les joyaux de la couronne
Au sein des marques détenues par Nestlé, deux sortent particulièrement du lot et aiguisent les appétits de Danone : Perrier et Sanpellegrino. La première, passée sous pavillon suisse en 1992, reste une référence sur le marché des eaux pétillantes et jouit d’une aura internationale. La seconde, originaire d’Italie, est leader sur le segment des eaux minérales gazeuses aromatisées.
Pour Danone, mettre la main sur ces deux pépites permettrait de compléter idéalement son portefeuille, entre ses eaux plates (Evian, Volvic…) et ses eaux pétillantes (Badoit…). Le groupe pourrait ainsi proposer une offre complète et différenciante face à une concurrence de plus en plus vive.
Un marché de l’eau en pleine mutation
Car le marché des eaux en bouteille est en train de se transformer en profondeur. Bousculé par l’essor des eaux aromatisées, des eaux fonctionnelles (enrichies en vitamines, minéraux…), et des alternatives plus durables (eaux filtrées, eau du robinet…). Sans oublier une pression réglementaire et sociétale grandissante sur les emballages plastiques.
Face à ces mutations, les géants du secteur doivent s’adapter. C’est le sens de la refonte stratégique engagée par Nestlé, qui souhaite se recentrer sur ses activités les plus rentables et les plus porteuses, au premier rang desquelles le café et les produits pour animaux. Mais c’est aussi une formidable opportunité pour Danone de renforcer ses positions sur un marché clé.
Les défis d’une éventuelle acquisition
Une telle opération ne serait cependant pas sans risques ni défis pour le groupe français. Sur le plan financier d’abord, avec un ticket d’entrée qui s’annonce élevé vu la valeur des actifs en jeu. Selon les analystes, l’activité eau de Nestlé pèserait entre 8 et 10 milliards de dollars.
Ensuite, une acquisition poserait des questions de recentrage du portefeuille de Danone, avec sans doute des cessions à prévoir. Le groupe devra aussi gérer l’intégration de nouvelles équipes et une expansion géographique, tout en continuant ses efforts d’innovation et de différenciation.
Chez Danone, on est persuadé d’être le mieux placé pour valoriser des marques comme Perrier. On connaît très bien ce marché et on a la taille critique. Mais il faudra mettre le prix…
– Un proche du dossier
A ce stade, rien n’est fait et d’autres prétendants pourraient se manifester. Mais cette opportunité s’inscrit pleinement dans la stratégie de croissance externe de Danone. Après avoir renforcé ses pôles nutrition et produits laitiers végétaux, l’eau apparaît comme le nouveau horizon du géant français. Avec en ligne de mire, un leadership mondial sur ce marché aussi convoité que disputé.
En résumé : les enjeux d’un potentiel rachat
- Consolider la position de leader de Danone sur le marché de l’eau en bouteille
- Acquérir des marques premium et complémentaires comme Perrier et Sanpellegrino
- Répondre aux mutations du marché (eaux aromatisées, durabilité…)
- Financer une opération à plusieurs milliards de dollars
- Gérer l’intégration de nouvelles marques et équipes
- Maintenir un rythme d’innovation et une différenciation de l’offre
Il faudra encore patienter pour savoir si cette entrée de Danone au capital de Nestlé Waters se concrétisera, et sous quelle forme. Mais une chose est sûre : le géant français est à l’affût et compte bien jouer sa partition dans la recomposition de ce marché stratégique. Avec en point de mire, le leadership mondial des eaux en bouteille, ce « soft power » à la française.