Le monde du tennis professionnel réserve parfois de sacrées surprises, surtout quand il s’agit de tournois exhibitions où l’argent coule à flots. C’est ce qu’a pu constater Daniil Medvedev, pourtant sèchement battu par Jannik Sinner lors du tournoi d’exhibition en Arabie Saoudite.
Une défaite cuisante rapidement digérée
Le duel entre les deux joueurs a tourné court, très court même. En à peine 1h09 de jeu, Jannik Sinner a littéralement balayé son adversaire russe en deux petits sets (6-0, 6-3). Une véritable démonstration de la part du prodige italien qui n’a laissé aucune chance à Daniil Medvedev, visiblement dépassé.
Mais au-delà de la contre-performance sportive, c’est surtout le prize money récolté par le Russe qui a fait parler. Malgré cette cuisante défaite, Daniil Medvedev est reparti avec un chèque de 1,5 million de dollars, soit environ 1,38 million d’euros. De quoi rapidement oublier cette sortie de route express !
Le jackpot des perdants
Si l’on pousse le vice jusqu’à faire un rapide calcul, on constate que Medvedev a empoché près de 20 000 euros par minute passée sur le court, soit 333 euros la seconde. Un tarif qui ferait pâlir d’envie bon nombre de travailleurs.
Mais le Russe n’est pas le seul à avoir profité de la manne financière saoudienne. Ses compères du tournoi ont tous reçu un chèque minimal de 1,3 million d’euros, quel que soit leur classement final. Même une défaite au premier tour rapporte gros, très gros.
L’Arabie Saoudite, nouvel eldorado des tournois exhibitions
Ce prize money complètement délirant est rendu possible par les ressources quasi-illimitées de l’Arabie Saoudite. Le royaume n’hésite pas à mettre le paquet pour attirer les plus grands noms du tennis mondial, quitte à leur offrir des ponts d’or.
C’est ainsi que même Rafael Nadal, pourtant officiellement à la retraite, a fait une apparition remarquée lors du tournoi. Une présence qui s’explique évidemment par le montant mirobolant des gains promis. À ses côtés, le numéro 1 mondial Carlos Alcaraz a lui aussi fait une entorse à son traditionnel refus de participer aux exhibitions.
Outre Medvedev, Sinner, Nadal et Alcaraz, étaient aussi de la partie Novak Djokovic et Holger Rune. Un véritable plateau 5 étoiles qui ferait rougir n’importe quel tournoi du Grand Chelem. Mais ici, nous ne sommes pas à Roland-Garros ou Wimbledon. Ici, l’argent est roi et dicte sa loi, qu’importe le spectacle proposé sur les courts.
Un nouveau modèle controversé
Si ces exhibitions permettent aux joueurs d’engranger des gains substantiels, elles posent tout de même question. Que vaut un match où même le perdant repart avec un pactole ? Où est la motivation de proposer un vrai combat quand la défaite est aussi bien récompensée que la victoire ?
Certains diront que ces tournois ne sont que des opérations de communication, des leviers diplomatiques pour redorer le blason de pays controversés. D’autres argueront qu’ils permettent de populariser le tennis dans de nouvelles contrées. Une chose est sûre : avec de tels prize money, ils n’auront aucun mal à attirer les stars du circuit ATP. Reste à savoir si le public suivra et acceptera de cautionner ce modèle.
Le tennis business a pris le pas sur le tennis passion. Maintenant, tout est une question de gros sous, de contrats, de droits TV. Les joueurs sont devenus des produits marketing avant d’être des sportifs.
– Un ancien joueur professionnel souhaitant rester anonyme
Un constat amer mais qui semble se vérifier année après année. Le tennis, comme beaucoup d’autres sports, est devenu un business à part entière où l’argent est le nerf de la guerre. Et visiblement, certains pays l’ont bien compris et comptent en profiter, quitte à en faire des tonnes. Bienvenue dans le nouveau monde du tennis, où même les défaites ont le goût sucré des liasses de billets.