Dans une salle bondée du Trianon à Paris, l’effervescence est palpable. Les fans, triés sur le volet pour leur fidélité, retiennent leur souffle. Damso, figure incontournable du rap francophone, dévoile BEYAH, un album qu’il annonce comme le dernier de sa carrière d’interprète. Mais derrière cette fin se profile une renaissance : du studio au cinéma, l’artiste belge redéfinit son avenir avec audace. Que nous réserve cet opus et quelles sont les ambitions de celui qui a marqué une décennie de musique urbaine ?
Damso et BEYAH : La fin d’une ère, le début d’une autre
Damso, de son vrai nom William Mwamba, n’a jamais fait les choses à moitié. Avec BEYAH, il livre un projet aussi introspectif qu’ambitieux, où il mêle son flow incisif à des sonorités audacieuses. Ce disque, attendu depuis trois ans par ses fans, marque un tournant. Lors de l’écoute exclusive organisée par une plateforme musicale, l’artiste s’est adressé à son public avec une décontraction teintée d’émotion : il compare cet album à un enfant qu’il laisse désormais voler de ses propres ailes.
Mais BEYAH n’est pas qu’un simple album. C’est une déclaration d’intention. Damso annonce vouloir délaisser la scène pour se consacrer à la production et à la composition. « Le format album ne me parle plus, explique-t-il. Ce qui m’excite, c’est le défi, le son, la création pure. » Cette transition, loin d’être un adieu, ouvre la porte à de nouveaux projets, dont une tournée d’envergure et une incursion dans le cinéma.
Un rappeur au sommet de son art
Dire que Damso maîtrise le rap est un euphémisme. « Faire du rap, ce n’est pas dur pour moi », confie-t-il avec une assurance qui force le respect. Depuis ses débuts en 2006, il a façonné un style unique, mêlant textes introspectifs et productions percutantes. Ses albums précédents, comme Ipséité ou Lithopédion, ont marqué les esprits, décrochant disques de platine et de diamant. Avec BEYAH, il revient à ses racines tout en explorant de nouveaux territoires sonores.
Le disque regorge de collaborations prestigieuses. Des artistes comme Angèle, Aya Nakamura, Werenoi ou SCH apportent leur touche à cet opus éclectique. Des morceaux comme Wolof ou T’es mon del illustrent son talent pour mêler des thèmes universels – amour, racines, luttes – à une énergie brute. Damso ne se contente pas de rapper : il raconte une histoire, la sienne, celle d’un homme qui a fui la guerre au Congo pour devenir une icône.
« Quand quelque chose me touche, je le fais. »
Damso, sur son engagement artistique et social
Un engagement ancré dans ses racines
Damso n’a jamais caché son attachement à ses origines congolaises. Dans Free Congo, sorti en février 2025, il s’associe à des pointures comme Ninho, Youssoupha ou Kalash Criminel pour alerter sur les conflits dans l’est du Congo. Ce morceau, vibrant d’émotion, évoque les souvenirs d’une enfance marquée par les « tirs de kalash » et une « vie pas tranquille ». À travers ses textes, l’artiste donne une voix à ceux qui souffrent en silence.
Son engagement ne s’arrête pas là. En mars 2025, Damso signe Grand Soleil, l’hymne du Sidaction, réunissant 18 artistes francophones, de Charlotte Gainsbourg à Fally Ipupa. Ce projet, porté par une foi en la diversité, transcende les genres musicaux et les frontières. Pour Damso, ces initiatives sont naturelles : « Si ça me touche, je fonce. »
Les causes portées par Damso
- Free Congo : Un cri d’alarme pour la paix dans son pays natal.
- Sidaction 2025 : Un hymne fédérateur pour la lutte contre le sida.
- Damsautiste : Une réflexion personnelle sur son expérience Asperger.
L’amour comme moteur créatif
Si BEYAH brille par sa diversité, il doit beaucoup à une rencontre : celle de Damso avec Milla Lapidus, une jeune femme issue d’une famille influente de la mode française. Leur histoire d’amour a transformé l’artiste. « Avant elle, c’était dark, je voulais tout arrêter », confie-t-il. Milla l’a poussé à explorer de nouveaux horizons, comme en témoigne le titre YA TENGO SENTIMIENTOS, où il rappe en espagnol pour lui rendre hommage.
Cet amour se ressent dans les sonorités plus douces de l’album, comme dans Police, où Damso joue sur la métaphore d’un « cambriolage » amoureux. Mais il n’oublie pas son public fidèle : les références crues et les punchlines incisives sont toujours là, fidèles à l’esprit du rappeur.
L’expérimentation au cœur de BEYAH
BEYAH est un terrain de jeu pour Damso. Guitares classiques, piano, influences afro et reggaeton : l’album explore une palette sonore riche. Dans Magic, il va jusqu’à utiliser l’intelligence artificielle pour créer des chœurs aigus. « Redevenons des enfants, testons tout ! », s’enthousiasme-t-il. Cette approche ludique traduit son envie de repousser les limites du rap.
Le disque oscille entre des titres percutants comme VIE OLENCE, porté par des sonorités trap et drill, et des morceaux plus introspectifs comme T’es mon del. Damso y rend hommage à ses pairs, citant Ninho, Kaaris ou Freeze Corleone. Cette générosité artistique renforce son statut de pilier du rap francophone.
Titre | Style | Thème |
---|---|---|
Police | Mélodique | Amour |
VIE OLENCE | Trap/Drill | Énergie brute |
YA TENGO SENTIMIENTOS | Reggaeton | Amour et hommage |
Vers le cinéma : R.E.M. et au-delà
Damso ne s’arrête pas à la musique. Avec R.E.M., un court-métrage de science-fiction de 34 minutes, il pose un pied dans le cinéma. Ce projet, où il endosse le rôle de producteur, explore des thèmes comme le pouvoir, la technologie et les dérives sociétales. L’intrigue tourne autour d’un réseau neuronal fictif, BĒYĀH, et de la mort mystérieuse d’une influenceuse. Présenté en mai 2025, ce film marque le début d’une série de neuf épisodes.
Ce virage vers le cinéma n’est pas une surprise. Damso a toujours nourri une fascination pour le septième art, citant des références comme Christopher Nolan dans ses textes. Son passage sur le tapis rouge de Cannes en 2025 a renforcé l’idée qu’il est prêt à conquérir un nouveau public. « Les gens sont prêts pour la suite », assure-t-il, confiant dans l’accueil réservé à ses projets.
« Je m’engage à y aller. Le cinéma, c’est clair pour moi. »
Damso, sur ses ambitions cinématographiques
Une tournée pour dire au revoir
Même s’il se retire de la scène en tant qu’interprète, Damso ne compte pas abandonner son public. Une tournée est en préparation, avec une date prévue à Paris La Défense Arena, une salle de 40 000 places qu’il préfère au Stade de France pour des raisons acoustiques. Cette série de concerts promet d’être un moment fort, une célébration de sa carrière et de son lien unique avec ses fans.
Damso envisage également d’ouvrir ses sessions d’enregistrement au public. « C’est humain, c’est gratuit, c’est ce que j’aime », explique-t-il. Cette démarche, inédite pour un artiste de son envergure, reflète son envie de rester proche de ceux qui l’ont soutenu.
Un artiste en constante évolution
À 33 ans, Damso est à un tournant. BEYAH n’est pas seulement un album : c’est le reflet d’un homme apaisé, épanoui, qui a trouvé un équilibre entre ses racines, ses ambitions et son amour. « Je me lève le matin sans rien reprocher à la vie », confie-t-il, une sérénité qui contraste avec les thèmes sombres de ses débuts.
Son parcours, de l’enfant fuyant la guerre à l’icône du rap, est une source d’inspiration. En explorant l’intelligence artificielle, le cinéma et la production, Damso prouve qu’il n’a pas peur de se réinventer. BEYAH est peut-être son dernier album, mais il est loin d’être la fin de son histoire.
Pourquoi écouter BEYAH ?
- Une fusion unique de rap, afro et reggaeton.
- Des collaborations avec Angèle, Aya Nakamura et plus.
- Une exploration audacieuse de l’intelligence artificielle.
- Un regard introspectif sur l’amour et les racines.
Damso nous laisse avec une question : que nous réserve-t-il pour la suite ? Entre sa tournée, son aventure cinématographique et ses projets de production, l’artiste belge n’a pas fini de surprendre. BEYAH n’est pas une fin, mais une porte ouverte sur un avenir riche en créativité.