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Damien Abad, Candidat Malgré sa Mise en Examen pour Tentative de Viol

Malgré sa mise en examen pour tentative de viol, le député Damien Abad se représente aux législatives dans l'Ain. Un retour sur le devant de la scène qui soulève des questions sur la place des élus accusés de violences sexuelles en politique. Découvrez les détails de cette affaire qui...

Deux ans après les révélations d’accusations de viol à son encontre, le député Damien Abad fait à nouveau parler de lui. Mis en examen en mai 2024 pour tentative de viol, l’ancien ministre a annoncé sa candidature aux prochaines élections législatives dans sa circonscription de l’Ain. Une décision qui soulève des interrogations sur la place des élus accusés de violences sexuelles en politique.

Retour sur l’affaire Damien Abad

En mai 2022, quelques jours après sa nomination comme ministre des Solidarités dans le gouvernement d’Élisabeth Borne, Mediapart révèle que Damien Abad est visé par des accusations de viol. Deux femmes affirment avoir été victimes de viols en 2010 et 2011. Si ces plaintes avaient été classées sans suite, une nouvelle plainte est déposée en juin 2022, entraînant l’ouverture d’une enquête préliminaire.

Sous la pression, Damien Abad démissionne du gouvernement en juillet 2022, tout en niant les faits qui lui sont reprochés. Il retrouve son siège de député, mais se fait particulièrement discret depuis. Jusqu’à l’annonce de sa mise en examen en mai 2024 et de sa candidature dans la foulée.

Un retour en politique qui divise

Pour certains, la présomption d’innocence doit primer et Damien Abad est en droit de se représenter tant qu’il n’est pas condamné. D’autres estiment que la mise en examen est déjà un élément suffisamment grave pour s’interroger sur l’exemplarité attendue d’un élu de la République.

La mise en examen n’est pas anodine, elle signifie que des indices graves ou concordants rendent vraisemblable la commission d’une infraction.

Extrait du code de procédure pénale

Au sein même de la majorité présidentielle, la candidature de Damien Abad suscite des réserves. Si aucune consigne officielle n’a été donnée, certains cadres de Renaissance prennent leurs distances et assurent qu’ils ne feront pas campagne à ses côtés.

Quelle place pour les élus accusés de violences sexuelles ?

Plus largement, le cas Abad relance le débat sur le traitement des affaires de violences sexuelles en politique. Ces dernières années, plusieurs personnalités politiques de premier plan ont été visées par des accusations, sans que cela ne les empêche de poursuivre leur carrière.

  • Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a été accusé de viol en 2017. L’enquête a été classée sans suite en 2018.
  • Nicolas Hulot, ancien ministre de la Transition écologique, visé par plusieurs accusations d’agressions sexuelles et de viol en 2018, n’a pas été mis en examen.

Pour les associations féministes, c’est le signe qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir dans la prise en compte de la parole des victimes. Elles plaident pour une tolérance zéro vis-à-vis des auteurs de violences sexuelles en politique.

On ne peut pas prôner l’égalité femmes-hommes et l’exemplarité en gardant au sein de nos institutions des personnes mises en cause pour des faits aussi graves.

Caroline De Haas, militante féministe

À l’inverse, d’autres mettent en garde contre le risque d’instrumentalisation de la justice et d’atteinte à la présomption d’innocence dans un contexte de judiciarisation croissante de la vie politique. Un équilibre difficile à trouver entre la nécessaire libération de la parole des victimes et le respect des droits de la défense.

Les électeurs auront le dernier mot

Dans ce contexte, la candidature de Damien Abad s’annonce particulièrement scrutée. En 2022, il avait été réélu malgré le scandale, mais avec une avance plus faible qu’en 2017. Cette fois, son suppléant sur lequel il avait pourtant misé pour maintenir son ancrage local a décidé de prendre ses distances.

Les électeurs de la 5e circonscription de l’Ain auront donc un choix déterminant à faire. Faut-il dissocier les faits reprochés à Damien Abad de son bilan en tant que député ? La présomption d’innocence doit-elle primer sur l’exigence d’exemplarité des élus ? C’est tout l’enjeu du scrutin qui s’annonce.

Une chose est sûre, cette élection s’inscrira dans le débat plus large sur le traitement des violences sexuelles dans la société et la nécessité de faire évoluer notre système judiciaire et politique pour mieux prendre en compte la parole des victimes. Un sujet qui dépasse largement le cas individuel de Damien Abad.

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